UNE SINGULIÈRE TRAITEURE DE PELLETERIES
ET UNE COMMERÇANTE FORMIDABLE
ANNIE MIDLIGE (1864-1947)
Photo empruntée à la revue THE BEAVER,
publiée par la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Hervé Tremblay n’en est pas encore revenu : pourquoi, diable, a-t-on coupé l’énorme sapin baumier qui trônait au-dessus des trois stèles funéraires de la famille Midlige, dans la partie protestante du cimetière de
Les trois pierres tombales de la famille Midlige dans le cimetière
de La Tuque. À l'arrière-plan, ce qui reste du sapin baumier.
Photo aimablement fournie par Hervé Tremblay.
En blague, au téléphone, j’ai malicieusement soumis une hypothèse, quelque peu farfelue, je suis le premier à le reconnaître, j’en conviens, à l’historien patenté de
Le collégien André Duchesneau, célébrant éloquemment la victoire du STR, en finale du championnat des éliminatoires de la ligue de ballon-panier interscolaire de Trois-Rivières, vers 1960.
Extrait d’une photo de groupe parue dans Le Nouvelliste (Trois-Rivières).
Donc, à l'été 1988, à l’époque où il était maire de la ville, André (l’âge et la fréquentation commune du vénérable Séminaire des Trois-Rivières m’autorisent cette familiarité) avait en effet ordonné que l’on abattît (ah! l’admirable subjonctif imparfait que voilà, une espèce en voie de disparition, comme les derniers vestiges architecturaux de la reine de
Ces deux cartes postales de l’école Saint-Zéphirin (pompeusement appelé alors "collège") illustrent la végétation qui ombrageait de son ramage timide un long segment de la principale artère latuquoise, rebaptisée « boulevard Ducharme », le 21 mai 1958. Les photos remontent sans doute à une ou deux décennies avant la naissance du maire susmentionné. On remarquera que deux drapeaux flottent au faîte de l’édifice. L’un porte le sigle ESSZ (École secondaire Saint-Zéphirin); l’autre est le drapeau de
Si ma mémoire est bonne, les premiers arbres s’élevaient juste passé l’emplacement de l’ancien tronçon de la voie ferrée qui coupait la grand-rue à la hauteur de la rue Saint-Maurice et prolongeait son tracé, à l’époque, jusqu’à l’usine, vers le nord-ouest, passant derrière le garage naguère propriété de Ti-Gus Dubois, l’empereur duplessistement bleuâtre de la décennie 1950, et sûrement de la suivante, longeant la rue Tessier où était naguère située la première gare de la ville, et leur élégante procession s’étendait jusqu’à la rue Bellevue.
Sans doute la motivation profonde du geste destructeur de ce magistrat à la vision peu sylvicole se trouve-elle dans le fait que le quidam, avant de devenir pédagogue et directeur d’école, porta brièvement soutane et ceinturon noirs. Il aura donc appris, grâce aux savantissimes exposés des érudits théologiens du Grand Séminaire de la rue Saint-François-Xavier, dans la cité de Laviolette, la vieille coutume du colon euro-canadien venu de l’Hexagone qui, sur le conseil éclairé des robes-noires de
À l’époque, donc, de cet intempestif tronçonnage, le geste sacrificiel de l’ancien séminariste latuquois avait trouvé écho dans la presse montréalaise. Il avait eu droit à une mention peu honorable, encore moins amicale, dans la rubrique des « Lettres des lecteurs », dans la page éditoriale du quotidien Le Devoir.
J’avais bien aimé le titre : « L’homme qui coupait les arbres ». Je crois que la lettre était du syndicaliste Émile Boudreau, un grand bonhomme, auteur d’un délicieux portrait de
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Trêve d’élucubrations sylvestres, je me suis encore éloigné de mon propos princeps : Sanmaur. Mais pas tant que ça… La dérive à son charme…
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La pierre tombale de la matriarche Midlige,
au cimetière de La Tuque.
Photo aimablement fournie par Hervé Tremblay.
Et Annie Midlige, cette formidable (au sens premier du terme : « qui inspire ou est de nature à inspirer une grande crainte ») femme d’affaires, dans tout cela ? Elle fera l'objet de ma prochaine page.
J’ai signalé, dans l’un de mes précédents épisodes, que l’oblat Guinard mentionnait, dans ses mémoires, qu’il avait rencontré, au cours de ses missions en Haute-Gatineau, une « Syrienne » qui commerçait avec les Autochtones de la région. Dans les éphémérides de Jerry McCarthy, auxquelles je puise abondamment, celui-ci fait référence à un "magasin juif" [ma traduction], situé à Manouane. À l’époque, en 1919, cet ethnonyme désignait depuis longtemps un endroit situé à l’embouchure de la rivière du même nom, à peine à un kilomètre du cœur de l’ancien village de Sanmaur. L’endroit était appelé « Manouane Crossings » par les employés des postes de
Donc, ce magasin de Manouane dont parle McCarthy, dès la première page de son carnet, était l’un de ceux qu’Annie Midlige avait établis le long de la voie ferrée du Transcontinental après avoir commercé amplement dans la vallée de
À Manouane, c’était sa fille Eva qui assurait la gérance, avec son mari, de cette succursale.
Je serais porté à croire que peu de gens, à
Ce sera l’objet du prochain épisode de mon prochain carnet qui devrait verser davantage dans l’histoire que dans l'expression parfois intempestive de mes humeurs...
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NOTES
Étonnant tout de même, ce geste d’abattage intensif des arbres de l’artère principale latuquoise de la part d’un type dont le patronyme, DuCHESNEau, contient, en son centre, les lettres qui forment la graphie ancienne d’un fort bel arbre : le « C H E S N E ». Et dire que le quercus (appellation latine du chêne) référait à un « arbre saint du druisme » ! L’étonnement provoqué par le geste posé pourrait toutefois être légèrement tempéré par cet autre terme qui désigne le même arbre, encore de nos jours, dans le Languedoc : le chêne « Yeuse » ! Alors, versons allègrement dans l’euphémisme et lançons un tonitruant « Bonyeu ! » pour donner le bénéfice du doute à l’as bûcheron descendu de la mairie, tronçonneuse à la main, qui était peut-être, après tout, « habilité » à procéder à l’installation d’un chantier forestier en plein boulevard Ducharme, y faisant une coupe à blanc…
Maire de la ville du 3 novembre 1985 jusqu’à sa démission, en août 1991, André Duchesneau n’a pas fait que dans déforestation intempestive. Il aura marqué sa ville de plusieurs innovations en matière d’urbanisme. Quand il tentera de renouer avec sa fonction de premier citoyen, en novembre 2003, les ouailles des paroisses latuquoises lui feront clairement savoir qu’elles lui préféraient son adversaire, Réjean Gaudreault, qui déjà, au milieu des années 1960, s’était impliqué au sein de la communauté. En effet, à l’occasion du temps des Fêtes, en compagnie de mon frère Robert et de quelques autres irréductibles écoliers de l’AEDES (Association des étudiants des écoles secondaires) insensibles au froid nocturne, le futur maire participait à installation, dans les rues du centre-ville et au parc Saint-Eugène, de l’éclairage multicolore de cette joyeuse période de l’année. Une fois installées, ampoules et projecteurs étaient agrémentés de glaçons fournis par le jet des boyaux du service d’incendie, manipulés par mon frère Jean. À l’élection de 2003, donc, Gaudreault raflera 73,5% des votes. Message évident.
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ÉMILE BOUDREAU (1912-2006)
« Né le 12 décembre 1915 à Petit Rocher, au Nouveau-Brunswick, Émile Boudreau a été tour à tour trappeur, bûcheron, colon et mineur à Normétal, en Abitibi. Dès 1944, il est élu secrétaire de l’Association des employés qui devient une section locale du Syndicat des Métallos en 1950. L’année suivante, il est nommé représentant des Métallos en Abitibi, puis coordonnateur régional des Métallos pour
« Émile Boudreau a été de toutes les étapes qui ont mené à l’adoption
Source : http://www.ftq.qc.ca/modules/nouvelles/nouvelle.php?id=1599&langue=fr
En 1998, cet ardent syndicaliste, esprit progressiste, avait rédigé sa biographie : Un enfant de la grande dépression, autobiographie: un exercice narcissique pour en finir avec mes vieux démons!. Outremont, Québec, Lanctôt éditeur, 1998.
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À propos des formes colorées du patronyme Tremblay, Micheline Raîche-Roy, native de
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Les uniformes chez les Lee-Cantin – Trêve en guise de conclusion(s)!
Pendant
Elle pose ici dans un uniforme de marin, sans doute emprunté à l’un de ses admirateurs, qui auraient été légion, soutenait-elle. Maizy était quelque peu affabulatrice sur les bords. Consolation ? Elle épousera, en août 1943, en pleine Seconde Guerre Mondiale, un certain Émile Cantin, de Saint-Romuald-d’Etchemin, un aviateur qui, à ma connaissance, n’aura sans doute pas beaucoup volé durant ce conflit. Mais il avait eu l'occasion de voir Winston Churchill se vider la vessie dans la nature, derrière une baraque de Valcartier. C'est du moins une anecdote qu'il se plaisait à nous raconter, souvenir de son passage héroïque dans les forces armées de George VI.
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