vendredi 23 mai 2008

ALLIAGE DE KAKI TERRESTRE ET DE BLEU AÉRIEN

Pour en finir – ou presque – avec cette drabe couleur…

Il me semblait bien, itou, que, dans mes archives, j’avais d’autres icônes de ces activités scoutes de l’été 1960, lesquelles allaient bien convenir à l’illustration de mes propos sur mes années de conscrit scout trifluvien et nécessairement …mauricien.

Un épisode bien tranquille, plutôt nostalgique et surtout très personnel. Me faudrait bien quitter mes humeurs « belliqueuses » et replonger dans mes propos plus historiques.

Saint-Alexis-des-Monts, juin 1960

Chantier de construction de la porte d’arche principale du camp.

De gauche à droite : Michel Piché, Pierre Cantin et Louis Olivier. Au palier supérieur, le chef, Jean Villeneuve : illustration flagrante des inégalités provoquées par la hiérarchie.

Remise officielle de la médaille du campeur au scout Gélinas, par le très élégant assistant-scoutmestre Pierre Cantin, sa scoliose débutante et ses belles bottines neuves, - lesquelles le mèneront jusqu’à Obidjuan -, en compagnie du chef Jean Villeneuve et de l’aumônier Gaston Kirouac, toutes autorités, on l’aura noté, en tenue moins qu’informelle!

L’ASM Cantin rédigeant un procès-verbal ! Ou de l’obligation

d’afficher le sérieux de son autorité…

Un pouce brandi bien inutilement : l’ASM Cantin verrait-il poindre du sud un véhicule tout en zieutant vers le nord ? Saint-Rock-de-Mékinac, 30 juin 1960. Photo : Louis Olivier

DANS LA VALLÉE DE LA MATTAWIN


Le routier Cantin, au lieu dit « Les Chiennes »,

quelque part le long de la Mattawin, 19 août 1960.

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LA LOUTRE (barrage Gouin), août 1960


Le même routier Cantin, à La Loutre, déguisé en travailleur forestier.

Devant un bâtiment de la C.I.P., 24 août 1960.

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L’ATTRAIT DE L’UNIFORME CHEZ LES LEE-CANTIN

Mon frère Robert, de dix-huit mois mon cadet, échappa au port du kaki : il n’aura revêtu que des uniformes caractérisés par le bleu. D’abord comme louveteau, puis comme cadet de l’air.


Robert Cantin, en bleu de l’Aviation royale canadienne dans la cour du 737 Kitchener, quasiment à l’ombre du clocher de l’église Marie-Médiatrice. À cette époque, la tente était le quartier général du benjamin des Cantin, Jean. Il y rassemblait toute la marmaille du quartier. Été 1959. Photo : Pierre Cantin

Rue Saint-Joseph, La Tuque, été 1961. Photo : Pierre Cantin

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Sur ce cliché, les cadets Robert Cantin et Roger Collin déposent une couronne de fleurs au pied de l’immense statue du Sacré-Cœur, bras déployés, zieutant de son œil perçant le trafic en provenance de la rue Commerciale. La cérémonie me semble s’être déroulée en 1961, comme en font foi les banderoles du cinquantenaire de La Tuque, mais personne, jusqu’ici, n’a pu m’éclairer sur les raisons de ce dépôt militaro-floral, le monument aux soldats morts à la guerre se trouvant tout à côté du nouveau bureau de poste de l’époque, plus à l’est, rue Saint-Joseph, passé la voix ferrée.

À l’arrière-plan, deux édifices à la blanche façade sont flanquées de succursales d’institutions très financières : à gauche, celle de la Banque nationale, angle Saint-Joseph et Saint-Antoine, et, à droite, une partie de la défilante Banque Royale. Latuquois et Latuquoises, du moins ceux et celles qui ont mon âge, reconnaîtront le maire d’alors Onésime Dallaire, Raymond Arsenault, col blanc aux ateliers de l'usine, commis à la section des équipes d’entretien, éternel commissaire d’école, et Luc H. Morissette, le directeur de l’École des Métiers ["H" pour Hégésippe? Hector? Hercule? Herménégilde? Henri? Hermel? Hilaire?]. Peu usité tout de même, en Haute-Mauricie, chez les francophones, cette pratique britannico-américaine de l’initiale médiane! L’addition d’un terme était plutôt l’usage répandu: Tremblay-Bicycle, Tremblay-Banane, Tremblay-à-Tophase…]

Mon frère Jean, dans son uniforme scout tout neuf, mais coiffé de mon bérêt, sous le regard attendri de sa mère, Maizy Lee. Juillet 1961. Photo : Pierre Cantin

Jean fera aussi partie des cadets de l'air. Trônant sur l'énorme téléviseur Sylvania qui versait désespérément dans le gris, le portrait du carnetier, dans son costume de rhétoricien. Photo prise, les anciens, futés, l'auront noté, un dimanche après-midi, à l'Heure des quilles. Rue Kitchener, vers 1963. Photo : Pierre Cantin

Mon petit frère Jean allait, quelques années plus tard, porter fièrement d'autres couleurs, celles du premier club de motards de La Tuque, les Gaulois. Juillet 1961.

Photo : Pierre Cantin

Une relique véritable, un artéfact latuquois inestimable : la veste des célèbres et redoutablement doux Gaulois de La Tuque. Ah! c’était bien avant l’ère des QUAD…

Photo : Jean Cantin, mai 2008

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Mon père qui, en compagnie d’autres anciens de l’Aviation royale canadienne, la RCAF, se sera occupé durant de nombreuses années de l’escadron 646 des Cadets de l’air de La Tuque, aura alterné du bleu hivernal au kaki estival dans ses tenues d’officier, réunissant parfois les deux couleurs, comme l’illustre cette photo qui date de 1967 environ.

Émile Cantin, vers 1967, dans le salon du 728, rue Castelneau. Photo : Pierre Cantin

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NOTES

Une anecdote qui me fait encore sourire quand j’y repense : ce massif Sacré-Coeur n’aura pas été qu’une parure. Il fut en effet utile à ma mère dans son rôle d’agent de la circulation. En effet, quand celle-ci revenait de faire ses courses, rues Saint-Antoine ou Commerciale, le géant barbu lui indiquait, de sa dextre dorée, la voie à suivre pour retrouver la rue Tessier, où nous habitions, à notre arrivée en ville, à l’automne 1954. Maizy, habituée à la géographie minimaliste de Sanmaur, où elle n’avait point eu besoin de recourir aux talents de sémaphore de la vierge de plâtre installée par le curé Lacasse au balcon de la grotte de pierre, avait quelques difficultés à s’orienter dans cette ville qui lui était nouvelle et qu’elle n’a jamais aimée d’ailleurs.

Nous avons créché à l'étage supérieur de l'édifice de Beau-Blanc et d'Albertine Tousignant, au 348C, rue Tessier, à l’angle de Saint-Michel, tout juste à côté de l’usine de la C.I.P., jusqu’en décembre 1956. Il me faudra bien des années pour ne plus sentir, avec dédain, l’odeur caractéristique de l’usine. Elle se rappelle à mon souvenir quand je roule sur la 148, à Thurso, ou sur la 74, à Rockland, en Ontario et que le vent est de l’ouest.

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Robert et moi ferons un camp scout à Rivière-aux-Rats, en juillet 1956. Il sera l'objet d'un épisode dans un carnet sur La Tuque. Me voici devant la tente de la patrouille des Aigles. Si je me rappelle bien, mon chef de patrouille était Michel Poirier. À noter mon premier appareil photo : un Kodak Brownie Holiday. Difficile de rater un cliché avec ce modèle...


Photo : Maizy Lee Cantin