samedi 23 mai 2009


Manawan Crossings
Le triple enjambement de la Manouane,
à la hauteur de Sanmaur,
au beau milieu du vingtième siècle
[46]
I : Le pont ferroviaire du Transcontinental

« J’ai toujours été étonnée de constater combien les souvenirs
des autres s’incorporent
facilement à notre propre mémoire. »

– Sophie, personnage du roman de Michel Tournier,
Les Météores (Paris, Gallimard, 1973).

La relique du Transcontinental, vue d’un avion de surveillance de la SOPFEU.
On peut constater que, sur la rive gauche, il n’y a plus de traces de la route
qui menait vers Chaudière et La Loutre, ni du point d’arrimage du chaland passeur.

Photo de Paul Tremblay, vers 1990.

L’ouvrage d’acier, installé sur la Manouane, tout près de son embouchure, est presque centenaire et semblable à bien d’autres, jetés ici et là, au pays du Québec, sur ses multiples plans d’eau. D’ailleurs, juste à Sanmaur, il y en a trois dans un rayon d’à peine un kilomètre, gisant, d’est en ouest, au-dessus de trois rivières : la Saint-Maurice, la Manouane et la Ruban.


Les deux derniers sont si rapprochés que, aperçus depuis la voie ferrée coupant la route 25, on a l’impression qu’ils n’en forment qu’un seul ! Quant au premier, appelé le pont de Weymont (abréviation de Wémontashingue, sans doute propulsée par les trafiquants de fourrures anglophones de la Compagnie de la Baie d’Hudson et employés des papetières étatsuniennes) remonte à 1910 ou à 1911. J’en ferai l’objet d’une prochaine page bien illustrée. D’ailleurs, je serais curieux de savoir combien il s’en trouve, de ces jeux de Meccano géants, de La Tuque jusqu’à la frontière de l’Ontario et du Québec, ou du moins jusqu’à Senneterre, en Abitibi, où semble maintenant s’arrêter la tortue voyageuse de Via Rail, célèbre par ses tortueux retards, ses innombrables accrocs à un horaire qui se voudrait ferroviaire ! Voici donc quelques photos du premier pont installé sur la Manouane, vers 1912, à moins d’un kilomètre de son embouchure. Dans les quelques textes consacrés à l’histoire de Parent, situé plus à l’ouest sur cette ligne pancanadienne, on mentionne que c’est en 1913 que les habitants du village ont vu arriver le premier train du Transcontinental. Mais, en Abitibi, dès 1911, la voie elle-même, venue de l’ouest, en était rendue à ce qui sera plus tard Amos. C'est aussi en 1913 que la jonction de ces tronçons venant de cette ville et de Parent se fera.

En aval

Au temps de la pitoune ou du bois de grume.
À Sanmaur, l’année où cette photo fut prise, vers 1975, les employés de la Canadian International Paper n’étaient plus très nombreux. Paul Tremblay, qui me l’a refilée, me précise que la cabane, à gauche, a été pratiquement submergée par les eaux de la Manouane, stoppée par celles d’une Saint-Maurice gonflée. Elle servait de cagibi à l’opérateur du chaland, qui à l’époque était Edmond Taschereau. La cabane a été inondée, parce que le niveau des eaux de la Saint-Maurice a monté et que celles-ci ont décidé de prendre le bord de l'affluent.
Les silhouettes patientes de Suzanne Régnier et de Jean Cantin.
Novembre 2007

L'ouvrage de métal, vu depuis l'ancien accès au chaland.
Novembre 2007
Mai 2006
En amont


Mai 2006
Le « secteur » Manouane, de nos joursNovembre 2007
Aujourd’hui, à l’exception de l’ancien quartier général de la Saint Maurice Forest Protective Association (à droite), transformé en auberge, la vie dans le secteur Manouane est à peu près inexistante.

La bâtisse peinte en rouge appartient à Yvon Pelletier, qui, longtemps, a tenu boutique en ces lieux. Sa famille est l’une de celles qui ont résidé dans le coin le plus longtemps.
Novembre 2007

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