dimanche 22 février 2009



La Brown Corporation
dans les Hauts mauriciens

Petit supplément aux années 1919, 1920 et 1921
du journal de
Jeremiah McCarthy
LA LOUTRE (1919-1957)

[39]

Il est question de Jerry McCarthy à quelques reprises dans The Brown Bulletin (TBB), dont cette anecdote plutôt savoureuse, publiée en septembre 1921, qui le présente comme le champion des «lanceurs de fers à cheval» (ring-trowers). On y raconte que l’habile électricien touche-à-tout aurait été honteusement battu 21 à 1 par une jeune fille de Montréal, lors d’un match de ce jeu populaire dans les chantiers et qui n'est pas sans rappeler la pétanque des Français. Je soupçonne que le délateur a pu être John Carter, le patron de la Brown à La Loutre – pas encore le barrage Gouin –, mais ce pourrait être aussi bien un certain A. E. Rowell, qui se fait appeler «Captain». Considérant la signification de son patronyme (ROW WELL : littéralement, «ramer bien»), on peut supposer qu’il ait possédé cette propension talentueuse à mener ses lecteurs en bateau ! Et à bien mériter de son titre de «capitaine» ! À lire ses écrits, assez fréquents, et les photos – pas toujours authentiques – qu’il fournit au mensuel, je lui trouve un petit côté Capitaine Bonhomme [1], lui aussi un fameux baratineur et un spécialiste en récits fabuleux (voir, à la fin de l’épisode, le lien menant au site extraordinaire consacré au personnage incarné par Michel Noël).
Rowell, un habile touche-à-tout comme McCarthy, fut appelé à se rendre dans divers centres d’opération de la Brown, déplacements et séjours dont il sait tirer d’intéressants récits. Il a rédigé aussi quelques textes autobiographiques. Ce joyeux drille fera l’objet d’un passage à part dans le carnet.

Dans les quatre livraisons, bien minces, faut-il avouer, du Burgess Screenings (d'avril à juin 1919), s'il y a beaucoup de références à des ouvriers canadiens-français [2] tous et toutes embarqués dans la grande mouvance qui charroya des centaines de milliers d'ouailles, que les ultramontaines soutanes n'avaient pu retenir dans leur vieille paroisse surpeuplée de la vallée du Saint-Laurent, ou de l'Acadie, vers les villes industrielles de la Nouvelle Angleterre, un seul article concerne le Québec, et encore, il est plutôt vague, car en dépit de son titre évocateur, «Notes on Quebec River Driving», on n'y décèle aucun toponyme précis permettant de situer les opérations fluviales de la Brown Corporation. Il est possible, par contre, qu'un autre sujet québécois ait pu être traité dans l'un des numéros parus dans le cadre du volume premier du feuillet. Ceux-ci manquent dans la collection qu'Hervé Tremblay a reçu, en octobre 2005, de madame Odette Leclerc, de la Berlin & Coos County Historical Society, qui a ses archives et ses artéfacts au Moffett House Museum and Genealogy Center, lequel a pignon sur rue à Berlin, New Hampshire, qui s'intéresse particulièrement à l'histoire de la Brown. L'historien Tremblay s'était fait un devoir, le 30 août 2005, de piloter madame Leclerc et trois de ses amies à travers les lieux marqués par la présence de la Brown à La Tuque. Reconnaissante, madame Leclerc lui avait expédié, des Stétes, ce précieux corpus unique, rarissime, comme je l'ai déjà souligné. Après avoir séjourné presque six mois dans mon capharnaüm chelséan, il a repris la voie postale vers la Moyenne-Mauricie, une fois que j'en eu terminé le dépouillement intensif et effectué une numérisation minutieuse des parties consacrées aux activités de la papetière en terre québécoise.

Premier encadré identifiant la section du TBB consacrée aux activités
québécoises de la filiale canadienne de la Brown Company.
Toutes les reproductions tirées des livraisons du bulletin
l'ont été à partir des exemplaires de la collection d'Hervé Tremblay.

* * *
Ainsi, je voudrais compléter progressivement la chronologie de 1919 à 1929 par quelques commentaires, photos et éléments d’informations glanés pour la plupart dans les deux premières années du TBB et portant sur les opérations québécoises de la Brown au nord de La Tuque, région que je nomme Haute-Mauricie et de laquelle j’exclus la quasi centenaire capitale de la Moyenne-Mauricie. Par la suite j'amalgamerai les extraits pertinents du journal de McCarthy et du TBB et j'y glisserai mes commentaires pour créer une seule unité «historique», déroulant son fil chronologiquement.Tout commence ici, serais-je enclin à écrire.
«
La Tuque Falls and Rapids, P. Que.,»,
titre cette carte, probablement centenaire.

Un solide et double [sic] s’impose ici : virgule fautive et libellé en langue forestière [3] pour désigner deux phénomènes naturels pourtant bien francophones. La « Souvenir Post Card», publiée dans la «Valentine Series», fut « Published for the Quebec and Lake St. John Railway», nous rappelle que la St. Maurice Valley, avant de devenir la Mauricie, fut en presque totale partie développée par des intérêts britanniques et états-uniens, lesquels ont longtemps tonné dans l’antichambre des pouvoirs municipaux et provinciaux. Et même si, parfois, ce furent des «Canadiens» (devenus «Québécois» pendant la révolution dite «tranquille» dans les années 1960) qui ont pu former la majorité des actionnaires de certaines sociétés ferroviaires, celles-ci portaient toujours des noms bien anglaisés. D'ailleurs, la raison sociale de la première compagnie à s'installer La Tuque ne fut-elle pas la St. Maurice and Quebec Industrial Company. Faut-il s’étonner, then, que notre Félix ait attendu la présentation d’Octobre 70, ce belliqueux pageant modelé sur les grands congrès eucharistiques ensoutanés de la première moitié du siècle dernier, subrepticement monté par l’habile et sinistre metteur en scène d’Outre-Outaouais Pierre ELLIOT Trudeau, pour découvrir cette réalité historique et laisser s'envoler sa colère ?
Prise de la rive droite de la Saint-Maurice, cette photo date sans doute des années 1910. On remarque, sur la rive opposé, deux installations de la Brown reliées par une longue promenade en bois. L'endroit n'était guère propice à la baignade !
Source : collection Pierre Cantin, achat sur Ebay, 2008.
* - * - *

Donc, où commence la partie sud de la Haute-Mauricie ? Voilà un objet de dissension profonde qui nous oppose plaisamment, mon mentor latuquois, Hervé Tremblay et moi. Je soutiens que la ville natale de Félix Leclerc est située exactement au MILIEU de ce vaste territoire majestueux nommé MAURICIE. Dans «mon livre à moi», La Tuque fait partie, comme Grande-Anse, Fitzpatrick, La Croche, La Bostonnais, Lac-Édouard, de la MOYENNE-MAURICIE, puisqu'elle est installé en plein milieu de la naguère industrielle vallée. Aussi mon comparse Hervé aura-t-il les coudées franches d’exploiter ce territoire dans son prochain carnet sur La Tuque. Et je m’engage à ne pas piétiner ses plates-bandes ni lui piquer ses patates, une petite exception, toutefois, en parlant de pomme de terre : voir photo et commentaire en annexe… Il ne manque pas de matière. Moi non plus, d’ailleurs, et je devrai hacher mon stock sur la Haute-Mauricie en menues séquences.

1919
La Loutre : à l'époque, le plus gros barrage de rétention d'eau du monde.
Premier entrefilet consacré exclusivement au Québec.
TTB, juillet 1919.

L'écrivain Victor-Lévy Beaulieu ne serait sans doute pas très heureux d'apprendre qu'en septembre 1921 les gens de la Brown qui devaient se rendre dans le coin des installations de la Brown à Trois-Pistoles, devaient souvent pousser leurs raquettes «as far from civilization as St-John de Dieu», c'est-à-dire Saint-Jean-de-Dieu, village de son enfance, voisin de Saint-Paul-de-la Croix, où notre Balzac a vu le jour.

En novembre, un entrefilet précise que la coupe de bois a été, en 1918, de 48 millions de pieds. Ne serait-ce que pour la Haute-Mauricie ou pour l'ensemble des territoires exploités par la Brown au Québec.
_______
1920

Dans les années 1920 et 1930, la presse anglophone de la Mauricie, entre autres, le Shawinigan Standard et la St. Maurice Valley Chronicle, avaient des correspondants en poste à La Tuque, chargé de sollicité des annonceurs et de couvrir aussi l'actualité, le plus souvent les faits et gestes des employés cadres de l'usine et des dépôts de la Brown, de même que les sparages des notables. Parfois, mais plutôt rarement les actions et les déplacements des petites gens bien ordinaires, alors que ce sont elles qui «font» véritablement l'histoire, qui érigent, de leur labeur, l'édifice social. Voilà pourquoi, la consultation de ces espèces de carnets mondains, sociaux permet quelques fois de repérer le nom et la fonction d'employés de dépôts de la Brown : Sanmaur, Windigo, La Loutre et d'autres, mon intérêt, quoi !

Le TTB comptait d'abord et avant tout sur la collaboration d'employés de la compagnie-mère et de sa filiale canadienne pour remplir ses pages. Aussi le mensuel est-il d'abord un recueil d'anecdotes, de cocasseries, de petites choses recueillies dans le milieu de travail, à Berlin même, et autour, dans les chantiers de la Nouvelle-Angleterre. Le sport y occupe aussi une bonne place. Ensuite l'exotisme, l'inédit, le pittoresque, l'importance et l'originalité de certains projets vont stimuler la production éditoriale d'autres collaborateurs installés au Québec et les activités de la corporation «nordique» vont une plus grande place dans les pages du périodique. Parfois, surgissent des textes plus substantiels, au contenu davantage étoffé qui renseignent intelligemment sur l'époque.
En juillet, la Brown acquiert des concessions sur la rivière Bersimis. McCarthy sera appelé à y travailler.

Les 2 et 3 novembre, tenue de la « 7th Conference – Woods Dept. 1920», à Berlin. Y assistent venus du Québec, J. H. Carter, de Sanmaur (première occurrence du toponyme dans le TBB), ainsi que Joseph-Henri Pagé et Roch Lindsay, de Windigo. Ils sont sur la photo de groupe parue dans l'édition de décembre.

_______
1921
Une année riche en références au Haut-Saint-Maurice. L'inauguration du barrage Gouin a impressionné la rédaction du TTB; aussi plusieurs textes et photos sont-ils consacrés à ce dépôt, endroit privilégié par la suite par les pêcheurs et les chasseurs.
Voici en rafales, par ordre chronologique, une première séquence de la plupart des textes et des photos sur la Haute-Mauricie parues dans le TBB pendant l'année. Ce qui touche au capitaine Rowell sera inséré dans une petite section particulière.Première photo «québécoise» du TTB (février 1921), une énorme charge de foin [4] tirée par des chevaux menés par Eugène Veillette. C'est un envoi de Joseph Henri Pagé, le surintendant du dépôt de Windigo, qui, en 1925, fera une croisière outre-mer en compagnie de son frère Philéas et d'Eugène Corbeil, alors curé de La Tuque. Voir le carnet que Micheline Raîche-Roy (http://lbiographieeugenecorbeil.blogspot.com/) consacre à ce dernier. Le document produit par Pagé fera sensation et suscitera ce commentaire, publié le mois suivant.

Et cet autre, publié en avril, qui rappelle qu'en 1913, au même endroit, un certain Felix Burke (sans doute Félix Bourque ) aurait accompli un semblable exploit, la charge étant toutefois la moitié de celle de 1919. Le commentateur semble mettre en doute l'authenticité du cliché de Pagé, qu'il croit truqué !La livraison de mars du TTB proposent d'autres nouvelles du secteur de Windigo : elles seront présentées dans un prochain épisode du carnet.
** ** **
NOTES
[1] Il faut visiter ce très beau carnet consacré au personnage du Capitaine Bonhomme qu'incarnait si magnifiquement le sympathique Michel Noël. Je ne serais nullement surpris d'apprendre que le capitaine Rowell et lui aient eu le même alma mater maritime...http://capitainebonhomme.blogspot.com/2007/07/capitaine-bonhomme.html

[2] Patronymes canadiens-recueillis au fil de mon dépouillement du Burgess Screenings et du TBB. J'ai corrigé la graphie, souvent fautive de certains noms. Inventaire bien incomplet.
Grenier, Langlois, Dion, Nault, Perrault, Bélanger, Baillargeon, Roy, Séguin, Bouchard, Michaud, Bisson, Couture, Chaloux, Vaillantcourt, Laferrière, Thibodeau, Gendron, Cantin, Beaudoin, Lavoie, Paquet, Hamel, Vézina, Rancourt, Hamel, Desjardins, Leclerc, Arseneault, Morin, Lambert, Coté, Lozeau, Létourneau, Noël, Lefebvre, Poirier, Doucet, Lepage , Montminy, Bergeron, Devost, Bernier, Demers, Nadeau, Nolin, Bédard, Beaudet, Spénard, Veilleux, Rivard, Desrosiers, Tourangeau, Babin, Durand, Thériault, Bussières, Robichaud, Gravel, Boucher, Morel, Picard, Gravel, Fournier, Gosselin, Pelchat, Duguay, Beaulac, Turcotte, Caron, Cadoret, Paulin, Rhéaume, Laplante, Turgeon, Simard, Rousseau, Landry, Dubé, Boutet, Basile, Rouillard, Charest, Labonté, Coulombe, Rochefort, Légère, Carrier, Routhier, Marcoux, Lamontagne, Parisé, Lemieux, Fréchette, Falardeau, Favreau, Parent, Laroche, Brunelle, Gobeil, Dorion, Gaudreault, Royer, Lapointe, Tremblay, Dupuis, Caouette, Martel, St-Pierre, Champoux, Gurcotte, Labelle, Roberge, Laflamme, Croteau, Larocque, Surprenant, Valllière, Langlois, Duchesne, Drapeau, Lavallée, Grégoire, Beausoleil...
Les équipes de hockey de Berlin comptaient souvent plus de francophones que d'anglophones. Elles se mesureront à des équipes de La Tuque. Des quotidiens états-uniens importants, tel le New York Times, publièrent de brefs comptes-rendus de plusieurs des joutes disputées par celles-ci à New York et à Boston, entre autres.

[3] « Le plus extraordinaire de tous [ces arbres] était l'amélanchier. Dès le premier printemps, avant toute feuillaison, même la sienne, il tendait une échelle aux fleurs blanches du sous-bois, à elles seulement; quand elles y étaient montées, il devenait une grande girandole, un merveilleux bouquet de vocalises, au milieu d'ailes muettes et furtives, qui annonçaient le retour des oiseaux. Monsieur Northrop, ayant déboutonné son veston, tiré sa montre de la pochette de son gilet et regardé l'heure, pouvait dire dans sa langue forestière, et sans crainte de se tromper : ‘Ouhonnedeurfoule-dé ! Ouhonnedeurfoule-dé !’ »
– Jacques Ferron, L’Amélanchier, récit. Préface de Gabrielle Poulin,
édition préparée par
Pierre Cantin, Marie Ferron, Paul Lewis
(Montréal, VLB éditeur, collection «Courant», 1986, p. 29). L’été, du temps où nous créchions rue Kitchener, de 1957 à 1964, nous avions l’habitude, mon frère Robert et moi, d’aller cueillir, dans le flanc de la montagne tout près, et de savourer, ce petit fruit produit par l’amélanchier, que mon père appelait « petite poire sauvage ». Aujourd’hui, l’idée de ne pas lui en avoir rapporté quelques-unes me désole. Gourmandise et égoïsme d’enfants.
Mon père connaissait le nom de ce petit fruit – c'est l'appellation retenue par la très officielle poste royale, mais néanmoins canadienne, sur sa jolie vignette le célébrant – mais pas celui de son producteur. Je n’apprendrai le nom de cet arbre qu’en 1970, au moment de ma lecture du récit portant son nom comme titre. Depuis, j’en plante un partout où j’emménage…

[4] Micheline Roy me signale que cette charrette apparaît sur une photo, à la page 229 de Les pionniers de la forêt, le riche ouvrage de Sylvain Gingras. Elle a bien raison : c'est le même équipage, même disposition de la charge; la seule différence est l'angle de prise de vue. Bizarrement, le document figure dans la partie consacrée à l'entrepreneur Jean- J. Crête qui, sauf erreur, n'a pas fait chantier dans les environs immédiats de Windigo. Ce deuxième cliché aurait fait taire les sceptiques de Berlin, N.H., qui soutenaient que la vignette était truquée.

***
* A N N E X E S * ***
Voilà, finissons-en de délacer nos bottines, pour nous retrouver
par cette petite communication de Richard Scarpino
à propos de ses oncles maternels, les cordonniers Richard.
Reproduction de la page de couverture de l'édition princeps
du récit de Félix gracieusement fournie par Micheline Raîche-Roy.

Pierre,
[…] au sujet du cordonnier latuquois Maurice Richard.
Émile Richard, cordonnier sellier, à Lac-aux-Sables, puis à Sainte-Adelphe, homme de métier, infirme depuis son jeune âge, faisait à peine 5 pieds de haut; mains larges, habiles, il transformait un rang de cuir en bottes, pantoufles, gants, etc. Il avait quatre garçons, dont deux possédaient des prénoms et nom célèbre, soit Maurice Richard. Cordonnier à La Tuque, il avait acquis les lieux de cet ancien Lafleur, rue Saint-François, face à l'ancienne épicerie Morrissette. Certains le trouvaient un peu prétentieux de se donner ce nom et ce prénom, mais ils étaient réels. C'était le Rocket des chaussures et, en plus, son frère, qui habitait à Lac-aux-Sables, était cordonnier, lui aussi, et se prénommait Henri; mais on ne dit pas si l'on le surnommait le « Pocket Rocket ». Mais leur nom et prénoms ne laissaient personne indifférent.
La famille Capano a longtemps exploité un petit restaurant, rue Saint-Michel. C’était un petit restaurant, pas prétentieux, pour les gens du coin, tenu par une famille italienne... Les Capano, c'était un peu comme la petite patrie de Jasmin. Tous se connaissaient : les familles Lortie, Cantin, Paré, Boissonneault, Leblanc, etc. Un petit coin tranquille… parfois, mais combien de bons moments et souvenirs pour la gang du coin des Capano.
P.-S. Pierre, j'ai rencontré Armand Capano, un type formidable, célèbre joueur de hockey des Loups; il m'a refilé des photos des années 50, avec Ti-Loup Bouchard, Claude Noreau, etc. Bref, un chic type.

Salut, Pierre.
À bientôt.
Scarpine
Scarpine, l’efficace cogneur – et apprenti sloggueure [*] – des Braves de La Tuque, 1976.
Photo : archives de Richard Scarpino
Directement, sous le bâton de l'habile batteur, j'ai cru, pendant quelques instants reconnaître la silhouette d'Émile Cantin, mon géniteur, ce qui aurait pu être très possible, car il fut longtemps impliqué dans la direction de ligues de baseball à La Tuque. Il était passionné de ce sport qui, je pense l'avoir déjà mentionné, l'amenait à «céduler» ses vacances annuelles durant les Séries mondiales, ce qui devait sûrement faire l'affaire de ses collègues de la Woodland. Toutefois, un échange téléphonique avec mon frère Robert, la mémoire vive du trio cantinien, m'a persuadé que ma vision paternelle était un mirage : Émile n'aurait jamais porté ses bésicles en public et n'avait pas la tête plate... D'ailleurs, m'a rappelé mon frère, notre paternel était plutôt hypermétrope que myope ! Et puis je me suis rappelé la date de la photo : été 1976. Émile et Maizy s'apprêtaient à quitter La Tuque pour retourner dans leur patelin natal, Saint-Romuald-d'Etchemin. En septembre, mon père allait prendre sa retraite après près d'une trentaine d'années de service pour la Brown et la C.I.P., à Sanmaur et à La Tuque. Mais, ils allaient revenir par trois fois en Moyenne-Mauricie par la suite...

[*] Richard m'a confié, non sans une pointe d'amertume, qu'il n'avait jamais réussi à expédier la balle par-dessus la clôture. Mais, m'a-t-il précisé, cela ne l'avait pas empêché de connaître, à une saison donnée, une tonitruante moyenne au bâton de plus de .500, parce qu'il excellait à« placer» sa balle au bon endroit, au bon moment, afin de permettre à son équipe de profiter de la conjoncture. De beaucoup supérieure, donc, à la marque établie par le légendaire Bostonnais Ted Williams.

** ** **
Bref et final retour sur la patate, dont les variations de prix préoccupaient mon père : cet original placard publicitaire, paru dans l'édition du 9 septembre 1953 du Shawinigan Standard. Dommage que la photo y soit si sombre, car j'y reconnais la stature et les traits de l'agriculteur lacabeaucien Rosaire Bouchard (au centre) – le proprio de notre logis du 737 de la rue Kitchener – livrant à la défunte Co-op de la rue Saint-Antoine, quelques-uns des fruits de ses gardens. Bouchard devait sûrement serrer son éternel cigare entre les dents ! Sur la photo figurent monsieur et madame E. Charland, ainsi que J. P. G. Caron et Lucien Jutras, qu'il faut deviner toutefois. Ah ! ces belles années où l'on n'avait qu'à composer quatre chiffres...

** ** **
Aparté toponymique


vendredi 20 février 2009

Propos trinitaires tricotés serrés
ou
De quelques associations quelque peu arbitraires impliquant Maurice Richard et son frère Henri, et … un peu de bière, Chrysostome !


Mes propos de bottines m’ont valu quelques courriels de bon aloi, dont ceux de Richard Scarpino et Jean Gravel. Le premier me confie que sa mère est la sœur de … Maurice Richard, le cordonnier latuquois dont j'ai parlé dans ce carnet, et que celui-ci a un frère, prénommé … Henri, qui faisait aussi dans la semelle, mais à Lac-au-Sable. Il n’en fallait pas plus pour que je retournasse dans mon gros cahier à reliure à anneaux, où sont précieusement conservés quatre jeux complets d’icônes de valeureux hockeyeurs des années 1950, pour y puiser une rareté dont je parlerai plus bas, y en associer une autre, cocasse et plus accessible cependant (présentement on peut se l’offrir sur le site Ebay), certes, mais sur laquelle je détiens une information qui devrait peut-être frapper d’une stupeur extrême cette encyclopédie sur souliers à crampons et bottines à lame de la rue Castelneau, le susnommé Richard S. Mais je ne saurais en être tout à fait sûr : l’homme connaît son sport en yâble. Quant au second, il s’est fait sociologue pour me signaler une pratique toute discrète de la gent masculine à une certaine époque dans sa ville natale : la calage d’une p’tite bière, dans l’baquestore d'une épicerie, pendant que l'épouse fait les emplettes hebdomadaires pour sa smala.

* * *
Les mocassins bien amérindiens de Jean Gravel,
« made in Haute-Mauricie »

suivi(s) de

La grosse bière de Chrysologue

(Récits décidément bien mauriciens de Jean Gravel)
*
Gaston Gravel est, avec Hervé et Paul Tremblay, l’un des précieux collaborateurs de la première heure de mon carnet sanmauresque. Ce que j’apprécie hautement. Et voilà que son frère Jean m’expédie un fabuleux courriel, rédigé de main de conteur, d'une plume alerte, et comprenant deux parties, échos percutants à mon avant-dernier épisode. Il s'avère un fameux raconteur qui devrait lancer son propre carnet.

C’est donc avec un immense plaisir que je propose ici un ADDENDUM EMERITUM à cet épisode de mon carnet sanmauresque déjà paru sur les cordonniers de mon enfance, oeuvre du dénommé Jean qui, comme moi, fut l’élève de demoiselle Simone Boudreau, une institution au collège Saint-Zéphirin de La Tuque dans les années 1950, décédée, il n’y a pas tellement longtemps, à un âge plus que vénérable. Jean cite aussi, parmi les noms des pédagogues qui l’ont marqué, celui de René Tremblay, le frère d’Hervé.

Voici donc la quasi totalité du long courriel que m’a envoyé Jean, que je ne saurais trop remercier. Il me permet d’en faire partager la qualité et la saveur avec d’autres Latuquois et Latuquoises de notre génération, et de celle qui la précède sans doute. Jean a une plume alerte et un sens très vif de l’anecdote.

Jean Gravel, au défunt club Providence, quelque part dans la majestueuse
quiétude d’un lac de la Haute-Mauricie, à l’été 2007.
Photo fournie par le pêcheur. L’authenticité du poisson n’a pu être vérifiée par le responsable de ce carnet.
De nos jours, thanatologues et taxidermistes font des merveilles avec Photoshop.
Faut vraiment se méfier.

* * *
Bonjour Pierre,

Je suis assidûment ton carnet sur ton blogue Sanmaur, où les anecdotes rapportées à la fois m'instruisent et me rappellent de bons vieux souvenirs.
D'entrée de jeu, sur tes propos du 24 janvier dernier, tu parles de tes mocassins et de certains artéfacts fabriqués par les Attikamekw de la réserve de Wemotaci.
Et bien, je te dirai que je possède un de ces artéfacts et c'est du vrai : il s'agit d'une paire de mocassins en peau d'orignal style pantoufle « made in Haute-Mauricie », probablement fabriquée par une Attikamekw, il y a de ça au moins 50 ans.
Ces mocassins, qui d'ailleurs sont toujours en bon état, font toujours partie de mes bagages lors de mes randonnées de chasse et pêche : ce sont mes « pantoufles de bois ». Ils m'ont été donnés par monsieur Larry Brown, ancien chef de police de La Tuque. Larry était ami de mon père et chacun était membre d'un club de chasse et pêche voisin dans le secteur Windigo. Plus précisément près de l'ancien camp forestier Charlebois, le long de la grande rivière Pierreriche Nord-Ouest.
Un certain printemps, au début des années 80, alors que Larry mettait de l'ordre dans son casier, au camp principal du club, il me les avait offerts en me disant : « Ces mocassins ont de l'histoire, tu sais. » Mais sans me la raconter, il ajouta : « Ils ont été achetés au 22, il y a de ça plusieurs années. »
À la fin des années 50, avec l'ouverture de nombreux chemins forestiers par la CIP pour aller chercher leur matière première, un vaste territoire s'est ouvert au public et c'est à partir de ce moment que plusieurs groupes de la classe moyenne ont fait la demande pour l'obtention de territoires exclusifs, « Club privé, » pour pratiquer la chasse et la pêche. Les mieux nantis, eux, avaient déjà leur territoire à côté de nos portes : le Wayagamack Fish and Game Club, le club à Ti-Gus Dubois, le Club Minomaquam, dans le secteur La Croche, le Club du Lac à la Ligne, secteur Bostonnais, etc. « No Tresspassing », et malheur à qui osait empiéter sur ces territoires !
Nous autres, les porteurs d'eau, il fallait se contenter des p'tits plans d'eau des alentours dont le Creek du Pendu, le Creek du Wayagamack, mais seulement en bas de la « dam », les étangs de Fitzpatrick.
Mon père fut un des membres fondateur du Club Providence et Larry Brown, du Club Dézamy, deux territoires voisins. Le premier tracé du chemin forestier qu'il fallait emprunter pour se rendre sur ces clubs débutait sur la rive ouest de la rivière Croche, plus précisément au p'tit canot d'Alphonse Lepage, juste avant la limite sud du club des Policiers de Montréal. On empruntait ce chemin cahoteux, rocheux et tortueux pour, après plusieurs heures, arriver enfin au seul point de ravitaillement sur ce trajet, soit le Dépôt du 22, rebaptisé plus tard le Relais 22 milles.

Le relais du 22 milles. Un lieu quasi mythique dont l’existence remonte aux années 1930. Source : Internet

Pourquoi 22 ? Parce que c'était à 22 milles du village de Windigo, site du dépôt principal; plus loin, il y avait le dépôt 45. A peu près tous s'arrêtaient au 22 soit pour prendre de l'essence, un p'tit snack ou autre genre de rafraichissement alcoolisé, pris à même la caisse dans la valise du « char » ou dans la boîte du « pick up » ! Rare était ceux qui possédait un « pick up »; dans ce temps-là, ce n'était pas courant. La plupart montaient avec leur auto et, avec l'état des chemins du temps, les pannes à l'huile défoncées et les « mufflers » arrachés étaient chose courante.

Marie-Thérèse et Sylvio Desbiens. Photo gracieusement fournie par Jean Gravel.

C'est un monsieur Desbiens, Sylvio, je crois, qui, employé de la CIP, assumait la gérance de cette halte routière. On y trouvait pas grand-chose et surtout pas de boisson. « Company Policy », mais le principal y était, quoi. Toutefois il y avait une « section souvenirs », je me rappelle que, sur une des tablettes, on y trouvait quelques artéfacts, dont mocassins, mitaines avec franges, mini raquettes et canots d'écorce. Ces p'tits chefs d'œuvre étaient fabriqués par les Indiens Attikamekw du coin, dont quelques familles demeuraient tout près du dépôt, dans des camps en bois rond non écorcé; on m'a dit qu'elles faisaient partie du Clan Boivin.
Ces artéfacts étaient du vrai, pas le genre de peccadilles qu'on nous offrait dans les foires et expositions du temps, dont entre autres les fameux panaches avec des grosses plumes bleu, rouge, vert et jaune. « Il n'y a pas un seul oiseau dans nos parages qui a des plumes de ces couleurs. » C'était sans doute la mode hollywoodienne du temps !
Mais ces mocassins n'ont pas été mes premiers. Je me rappelle en avoir déjà eu une autre paire en cadeau, alors que j'étais beaucoup plus jeune, 5-6 ans.
Au début des années 50, mon oncle Vianney Allard, ingénieur forestier, travaillait pour la Cie Howard Smith […] dans le secteur Oskelaneo où, là aussi, on retrouvait plusieurs familles indiennes. Donc, afin d'avoir les bonnes dimensions pour offrir des mocassins en cadeau à ses neveux et nièces, soit moi, mon frère Gaston et mes deux sœurs, il avait demandé à ma mère de lui envoyer l'empreinte de chacun de nos pieds, tracé sur une feuille de papier. Je me vois encore pieds nus, debout sur la table de cuisine, ma mère faisant le tour de mon pied avec son crayon au plomb : « Ça chatouillait. » Ce travail complété, et les empreintes expédiées, nous recevions, après quelques semaines, pour Noël nos « pantoufles d'Indiens » et mon père, une belle paire de mitaines à frange, que Gaston a portées longtemps, mais qu'il dit avoir perdues ou s’être fait voler. Mais ce dont je me souviens le plus, c'est l'odeur caractéristique de boucane que ces petits mocassins dégageaient. Ceux-là, je ne les ai plus.
J'ouvre une petite parenthèse sur une pratique que mon oncle Vianney m'avait racontée sur l'exploitation forestière de certaines compagnies dans le secteur Oskelaneo.
Les pitounes qui y étaient coupées, étaient écorcées sur place et expédiées par wagon, car certains moulins à papier n'avaient pas de tambour écorceur (« barking drum »). Le meilleur temps pour l'écorçage débutait avec l'arrivée des mouches noires, soit fin mai début juin, et ce, jusqu'en août. C'était la période où la sève était à son maximum dans l'arbre. Avant ou passé cette période, l'écorce était beaucoup plus difficile à enlever. Donc l'abattage et l'écorçage devaient se faire pendant ce laps de temps afin d'obtenir un rendement optimal. As-tu pensé comment les pauvres gars devaient être gommés, avec les mouches en plus ? Ouf !

Voilà, c'était l'histoire de mes mocassins !
Je peux dire qu'ils ont beaucoup voyagé, mais sûrement pas autant que les souliers de Félix !


La Tuque. Les rues Tessier et Commerciale, depuis les
lieux mêmes
de l’ancienne cordonnerie Ducharme, rue Scott.
Photo : Pierre Cantin, 22 mai 2006.

Pour ce qui est de Maurice Richard, le Rocket de la semelle, et de Chrysologue, le Marteleur de semelles, rien de plus vrai.
La maison des Lafleur était située pas loin de chez nous, juste sur le bord de la « track » et était sur notre trajet lorsqu'on se rendait au collège. Il y avait, dans la cour des Lafleur, un gros Saint-Bernard attaché à un bout de chaine. Il était énorme comparativement à sa niche et on se demandait bien comment il pouvait y entrer. L'atelier de Maurice, lui, était tout près de la maison des Lafleur et je me rappelle que, parmi les combustibles qu'il utilisait pour la chauffer, il prenait de vieux pneus, qu'il découpait en morceaux. Imagine la fumée au bout de la cheminée ! Au besoin, il donnait 25 cents pour un vieux « tailleur ». Je me souviens qu'avec Gaston nous lui en avions vendu un. Pour l'époque 25 cents dans nos poches, quelle somme !
Vue de la rue Scott, vers la rue Saint-Antoine, à partir de Tessier,
où le touriste trouvera l’hôtel
[un hôtel, vraiment ?] Beaudet, l’un des rarissimes établissements de ce type, sinon le seul, à La Tuque. À gauche, on devine la façade de brique brune de l'Hôtel Central, démoli en 2008. Et dire que, pendant des décennies, le nombre des hôtels dudit lieu fut presque cinq ou six fois supérieur à celui des temples du culte, toutes soutanes confondues. Et je n’oserais point comparer le taux de fréquentation de chacune des deux catégories d'établissements où s'assemblaient les bonnes gens.
Photo : Pierre Cantin, 22 mai 2006.

Quant à Chrysologue, il faut ajouter à son trajet l'Épicerie La Tuque, anciennement Beaudet et Boutet, coin St-François et St-Antoine. Dans les années 60, dans le temps ou les bananes étaient à 6 cents la livre, chose que je me rappelle encore, car j'en avais tellement pesé et marqué cet été-là; mon oncle Jean-Paul Allard, alors propriétaire de l'Épicerie La Tuque, m'avait engagé comme commis pour la période des vacances. C'est là, pour la première fois, que j'ai vu de mes yeux un bonhomme caller une grosse d'une seule traite, en quelques secondes, plus rien dans la bouteille, rien qu'un peu de broue et qui était ce « Chrysologue » ? Pas le temps de s'attarder et de laisser la cordonnerie fermée trop longtemps; la clientèle était trop importante. Mais j'y pense : c'est sans doute pour ça qu'on voyait si souvent, accrochée dans les portes de certains commerces, une pancarte avec l'écriteau « DE RETOUR DANS 5 MINUTES ».

Vue de la rue Commerciale. L’immeuble en deux teintes de gris
logeait la cordonnerie Ducharme. Sur l'espace vacant, à gauche,
s'élevait le garage Dodge DeSoto d'Auguste Dubois dont
parle Jean dans son courriel.
Photo : Pierre Cantin, La Tuque, 22 mai 2006.

Comme je le disais au début, tu m'as fait plonger dans mes souvenirs.
J'attends la suite de ton carnet.
Salut.
Jean.

* *
Extrait de la réponse de Jean à ma demande d’autorisation de publier sa prose dans mon carnet.

Pour ce qui est de mettre ma prose dans ton carnet, je n'y vois aucun inconvénient. Si cela peut permettre à d'autres de replonger dans leurs souvenirs comme je le fais moi en lisant ton carnet, alors, pourquoi pas.
Ah oui! J’avais oublié de te mentionner que les tavernes dans ce temps-là avaient un peu de compétition, car presque chaque épicerie (Épicerie La Tuque, Épicerie Philippe Allard, Épicerie Donat Côté, etc.)*** avait son p'tit bar clandestin dans l'arrière-boutique. On le trouvait, la plupart du temps, à l'endroit même où étaient empilées les caisses de bière. La clientèle se composait des habitués comme Chrysologue et les autres, de même que les maris de ces dames qui, pendant que ces dernières faisaient leur épicerie du vendredi soir, ces messieurs, « permission accordée », en profitaient pour en prendre une p'tite ou deux. C'était à la fois discret comme endroit et astucieux; on ne pouvait te coller l'étiquette de « coureur de taverne ».
[…]
À la prochaine,
Jean.

*** J’ai recensé pas moins de 17 épiceries dans le bottin de La Tuque Téléphone de décembre 1970.

* * * *
NOTES – APARTÉS – ANNEXES et TUTTI QUANTI

Stupéfiantes révélations sur le merveilleux monde de la collection des cartes de sport.

Puisque Jean a mentionné le nom de Maurice Richard, je me permets d’ajouter quelques commentaires sur un célèbre membre de la « branche » montréalaise de ce prestigieux patronyme. Si la carte de 1954 du Rocket m’était fort précieuse, il en était une autre, au format et à l’allure empreints de mystère, celle que l’on trouvait très, très rarement en guise de BONUS CARD, diraient aujourd’hui les revendeurs de ces artéfacts, dans certains paquets de Parkhurst de l’année 1955-1956, en plus des quatre cartes et de la palette de gomme rose que contenait chaque paquet, qui l’était tout autant. Je suis persuadé qu’il s’agit de la toute première carte-prime (expression consacrée par les linguistes radio-canadiens) de l’histoire de ces cartes de hockey modernes relancées en 1951 par la compagnie Parkhurst.
En effet, j’ai eu beau interroger les vendeurs, Internet, consulter les catalogues : personne ne semble connaître cette carte au fini glacé, en noir et blanc, sans données statistiques au verso, et ne portant qu’une seule inscription, laconique : « Henri ‘Pocket’ Richard (Forward) ». Il pose dans son uniforme du Canadien Junior. Il ne jouera pas avec son frère Maurice avant l’automne 1955 et sa carte recrue n’apparaîtra, bizarrement, que trois ans plus tard, numéro 4 du jeu 1957-1958 de Parkhurst. Même la riche (et fiable) Internet Hocket Database n’en mentionne pas l’existence…

Donc, voici, en primeur sur la Toile, la reproduction de cette VRAIE carte recrue du valeureux Henri Richard (à gauche), achetée pour un vieux 2 $ de papier à un vendeur ignorantin, au début des années 1980, et un autre exemplaire – affreusement recouverte de bouts rubans scotchés, brunis, séchés, qui m’était venu avec la collection complète de la saison Parkies 1954-1955, que m’avait vendu, à vil prix, un sympathique voisin… Je ne l’aurai eue entre les mains qu’une demi-heure : sa femme, professeur d’éducation physique, s’est pointée chez moi,
un bois 3 à la main, pour me remettre mon chèque et me faire savoir que c’était un trésor de famille auquel elle tenait ! J’ai mis quelques années à racheter les 100 cartes du jeu, à la pièce…
Un pan de mon enfance m’était revenu…

* * *
Il y aurait d’ailleurs un bel article à rédiger sur les anomalies que l’on trouve sur plusieurs cartes de hockey. Par exemple, prenant prétexte à célébrer deux mes collaborateurs assidus, Hervé et Paul Tremblay, voici l’icône TOPPS 223, de la série de 1975, qu’on présente erronément comme étant la carte recrue de Mario Le Bleuet Tremblay. Effarouché sans doute par l’objectif de l’appareil photo de l’artiste engagé par la haute direction des Bienheureux Glorieux de la Sainte-Flanelle lors du camp d’entraînement de l’automne 1974, il a demandé à Gord McTavish, un de ses collègues de travail des Voyageurs de la Nouvelle-Écosse, à l’époque club-école du CH, de poser pour lui.


Gord McTavish, posant en lieu et place du célèbre dossard 14 du CH. La méprise tient sans doute à la chevelure crépue et soyeuse que se partageaient à l'époque les deux individus. Admirez, en effet, la coupe de l’Almatois Tremblay sur sa carte de 1976.

Ma belle-sœur Suzanne, une Tremblay de la branche maternelle almatoise, m’a raconté qu’en voyant cette pieuse image, supposément celle de son fils, qu’une belle-sœur lui avait montrée, la pauvre mère du jeune hockeyeur se serait évanouie en apercevant ce faciès à la Hulk, tout en poussant ce cri : « Mais douce Vierge Marie, qu’ont-ils fait à mon fils ? » Le saudit plombier (les anglos utilisent le terme grinder pour désigner ces hardis travailleurs des coins de patinoire) avait toujours fait croire à sa mère qu’il s’était fait frère mariste et missionnaire auprès des Autochtones de la Baie des Ha ! Ha !, à Gros-Mécatina, sur la Basse-Côte-Nord.
Sauf erreur, personne, depuis, n’a identifié ce type à l’allure patibulaire, et madame Tremblay croit toujours que son fils a dû subir les affres du martyre aux mains de ces payens, impression que pourrait confirmer la tuméfaction du visage de l'imposteur !
* * *

La méprise en matière de cartes sportives n’est cependant pas nouvelle. Déjà, sur cette carte de Parkhurst de 1954, celui qui patine sous le fac-similé de la signature de Paul Masnick, un blondinet aux drus cheveux, c’est l’excellent plombier des belles années du CH, Floyd Curry, plutôt dégarni sur le front, qui, à sa retraite de maraudeur dans les coins de patinoire, poursuivra sa carrière avec la Flanelle tricolore à titre de responsable des déplacements des joueurs appelés à porter le flambeau « à l’étranger »; il était chargé de réserver chambres d’hôtel et billets d’avion pour les glorieux combattants lamés.
Question de bien illustrer la justesse de mon propos et d’accentuer la vigueur de ma découverte, voici le détail de deux photos dites «Bee Hive» : à gauche, le vrai Paul Masnick, cheveux et gilet pâles, et Floyd Curry. On notera aussi la graphie fallacieuse du patronyme de Curry : « Currie ». J'en ai d'autres, de ces ignominies : à la retraite, je me propose de soumettre à l'UQAM, un projet de thèse de doctorat sur ces anomalies. Archives de Pierre Cantin.
* * *
Et diantre, je poursuis dans la tremblayeserie : un petit montage en geste de reconnaissance à l’endroit de deux gentils collaborateurs, inébranlables et généreuses mémoires externes de mon modeste carnet.


Et puis, n’étant point chiche, voici une carte recrue, très rare, celle d’Olivier Cantin-Potvin, surnommé le « Carbo » hullois. Un fana de la Flanelle montréalaise dès qu'il eut atteint l'âge de raison. Au grand désespoir de sa mère,d'ailleurs, qui voyait en lui un futur Arthur Rubinstein. Certes, habile au clavier, il était davantage dangereux autour du but des équipes gatinoises.


* * *
P.-S. Que vient faire ce « Chrysostome» dans le décor ? C’est le patois – ponctué de deux solides accents circonflexes – que garroche, dans ses tirades, le personnage d’Émile, le compagnon d’infortune de Joseph Latour, l’anti-héros d’Un simple soldat de Marcel Dubé, puissant et émouvant classique de notre théâtre : l’exclamation m’est revenue à l’esprit par son assonance et sa graphie proches du prénom de notre petit cordonnier trottineur. Et puis la branche des Cantin, sur laquelle je demeure perché depuis plus de dix décennies, est originaire, je crois bien, de …Saint-Jean-Chrysostome !
* * *
Prochain épisode : retour à la source de la Saint-Maurice et à quelques lieux mauriciens. J'étofferai les éphémérides des années 1919, 1920 et 1929 fournies par Jerry McCarthy à l'aide d'articles et de photos tirés du Brown Bulletin. Long processus de collecte de données, mais faut ce qui faut...











jeudi 5 février 2009


Jeremiah McCarthy et sa famille
LA LOUTRE (1919-1957)

[37]
Jerry McCarthy, La Loutre, 11 août 1922.

ÉPHÉMÉRIDES 1919 - 1929

Transcription, par Jerry McCarthy, de la première entrée de son «journal».
Sauf indication contraire, les photos et documents que je reproduis ici proviennent des archives de John McCarthy, numérisées par son neveu, Patrick McCarthy.
Documentation utilisée avec l’aimable autorisation de ce dernier et de John McCarthy.


Ces éphémérides, adaptées de l’anglais, sont tirées d’un « journal » tenu, du 5 mars 1919 au 10 septembre 1969, par Jeremiah « Jerry » McCarthy, un électricien à l’emploi de la Brown Corporation, à La Loutre (site du barrage Gouin), où il résida pendant près de 40 ans, du 5 mars 1919 au 25 octobre 1957, au moment où il est muté à La Tuque, à la division forestière de la Canadian International Paper, qui avait acquis tous les avoirs canadiens de la Brown en novembre 1954 – la vente est officialisée le 19 du mois. Il continuera d’exercer son métier dans les différents chantiers de coupes de la compagnie au nord de La Tuque.

McCarthy, à droite, posant devant l'atelier électrique, en 1922.

L'artéfact mccarthien


De toute évidence, McCarthy a retranscrit ces éphémérides colligées au fil des jours pendant sa retraite à La Tuque, vraisemblablement en 1963. Plusieurs aspects de ce document viennent confirmer mon assertion : le regroupement des anecdotes et des événements, la numérisation de feuillets de carnets de l’époque, mais surtout leur transcription, d’une graphie cursive, uniforme, à l’aide pratiquement du même stylo à bille, sur un support plus récent, des feuilles lignées pour reliure à anneaux, de même que quelques commentaires épars, suggèrent que McCarthy a procédé à ce travail d’écriture en 1963. Par exemple, un premier commentaire, glissé à l’entrée du 9 avril 1928, se lit comme suit : « …they cost $100.00 to day 1963 »; dans une seconde remarque, associée à l’entrée du 15 mai de la même année, à propos du vapeur J. H. Carter, McCarthy précise que ce bateau est en train de pourrir à Sanmaur.
Il semble également que certains feuillets ont pu être égarés, car il manque des mois complets, ici et là. Égarés ? Non numérisés ? Je tiens ces transcriptions et de nombreuses photos de sa famille et de ses lieux de travail, copiés sur un CD, de Patrick McCarthy, son petit-fils. Cette documentation appartient à John McCarthy, aujourd’hui résidant de Québec et que j’ai pu rejoindre au téléphone grâce à l’un de ses amis latuquois, Richard Scarpino.
(Merci, Scarpine : tu m’as fourni en John une source fort riche de renseignements sur la Mauricie et ses Hauts. J'espère que les gens œuvrant à la commémoration de centenaire de La Tuque sauront trouver, parmi cesnombreux patronymes, des éléments utiles à la rédaction de leurs textes.)

Reproduction du feuillet initial des éphémérides de Jerry McCarthy.

Jeremiah McCarthy est né à Saint-Basile-de-Portneuf, le 17 août 1896. Son père, John McCarthy, d’origine irlandaise, était cultivateur. Il avait marié Johanna Hennessey. C’est à La Loutre, là ou la Brown Corporation a établi l’un de ses dépôts après avoir fait l’acquisition des installations de la Fraser Brace, le maître d’œuvre de la construction d’un barrage de rétention des eaux, lequel portera plus tard le nom de Gouin, que Jerry McCarthy fera la connaissance d’Azilda Giard, l’une des filles de Joseph Girard, ancien greffier de la cour du Recorder de Montréal, qui, à sa retraite, a accepté le poste de gardien du nouveau barrage. Le 26 juin 1935, à La Loutre, Jerry McCarthy épousera celle qu’il surnomme « Dod », puis « Ma », dans ses carnets. Le couple aura deux fils : Lorrain (appelé « Sonny » dans les entrées du carnet, le père de Patrick), qui fera carrière dans la G.R.C., et John, longtemps résidant de La Tuque, qui exercera plusieurs emplois pour la C.I.P., division forestière, la Woodlands.
Jerry McCarthy est décédé à La Tuque, le 13 septembre 1969, à l’âge de 73 ans, et sa femme Azilda, le 18 août 1978, à Québec, à l’âge de 66 ans.

* * *
Dans une note accompagnant la notice nécrologique de Charles F. Fabyan, découpée dans un journal, JM écrit : « Passenger train engineer between Rivière-à-Pierre – Linton Jonction and La Tuque. This is the train we came into La Tuque first time October 1909, oil lamps in cars and cold stove, wooden seats. »

La Loutre, hiver 1925.

McCarthy a donc 15 ans quand il arrive à La Tuque, en provenance de Saint-Raymond : qu’y faisait-il ? Comme il utilise le « nous » (we), cela voudrait-il dire qu’il y vient en compagnie de ses parents ? Pourtant, dans ses carnets, jamais il ne parle de s’arrêter à La Tuque quand il « descend » en vacances dans la région de Québec (Donnacona – Chute-Panet). Il ne semble pas avoir de parenté à La Tuque.

J’ai traduit, en substance, « adapté » devrais-je écrire, plusieurs des annotations aux carnets, que je présente ici dans l’ordre chronologique. Je me contente souvent de ne relever que des noms, des toponymes, des faits significatifs. Généralement, les commentaires de McCarthy sont brefs. Il n’y signale que des faits, des anecdotes, des données du temps qu’il fait. Certains me sont demeurés incompréhensibles, soit qu’il s’agisse de références pointues à son travail, à de l’équipement, soit qu’il manque une entrée pour saisir le sens d’un commentaire en particulier.

McCarthy ne se prononce que très rarement sur la nature des gens, leurs gestes, ne pose pas de jugement sur eux, ni sur ses propres conditions de travail, les situations parfois pénibles dans lesquelles il se trouve. Dans une rare saute d’humeur, il soulignera que les conditions de travail avaient bien changé depuis que la C.I.P. avait acheté la Brown. C’est une personne consciencieuse, vaillante, qui aura souvent dû travailler dans des conditions pénibles, obligé à de longs et nombreux déplacements. Cependant, il a, de toute évidence, pleinement apprécié ce séjour en Haute-Mauricie puisqu’une fois à La Tuque, il éprouvera une grande nostalgie en se remémorant la qualité de la vie sociale de patelin des Hauts mauriciens et de la chaleureuse relation des membres de la petite communauté de La Loutre. Celle de La Tuque lui paraît bien fade, bien ennuyante en comparaison.

Certains passages de ces propos de McCarthy illustrent qu’il aura été un père attentif, dévoué, soucieux de procurer une solide éducation à ses deux fils, qu’il envoie pensionnaires, dès la quatrième année du primaire, d’abord à Montréal, puis au secondaire dans une école privée de Berthier. Cette décision impliquera le déboursement de frais de scolarité, de longues séparations, de nombreux voyages, effectués depuis La Loutre dans des circonstances difficiles, compte tenu des moyens de transport limités de l’époque et des conditions météorologiques souvent défavorables.

Je n’ai pas retenu ici les passages consacrés aux séjours passés en vacances dans sa famille, ou chez des amis, dans la région de Québec, à Chute-Panet ou à Montréal, par exemple, sinon pour y relever quelques noms ou des allusions à la Brown Corporation.

Au moment du dépouillement de cette intéressante matière mauricienne, mon intention première était donc de n’extraire de ses écrits que ce qui pouvait enrichir mon propre carnet sur l’histoire de Sanmaur et de la Haute-Mauricie.

À plusieurs endroits, quand j’étais en mesure de le faire, j’ai ajouté le prénom d’une personne citée par McCarthy. J’ai moi-même inséré quelques commentaires, généralement de nature socio-historique et les ai placés entre crochets.

La Loutre. Montage de Patrick McCarthy; il y indique la résidence du gérant du dépôt, J. H. Carter, et celle de ses grands-parents, Jerry et Azilda.
** ** * 1919 * ** **
5 mars
Jeremiah McCarthy [dorénavant identifié par ses initiales JM] descend du « train local » [appelé le « mixte »], à Sanmaur. Il y est accueilli par Oscar Roy, le surintendant de la Brown Corporation de ce dépôt, qui l’hébergera pour la nuit.
[JM situe la résidence de Roy sur une butte près de la gare. La butte sera rasée quelque vingt ans plus tard et cette maison, déplacée et transformée pour recevoir deux familles. J'y reviendrai.]
Paul Tremblay, ce chercheur infatigable, féru de généalogie, généreux de son temps et de ses trouvailles, qui a patrouillé la Haute-Mauricie dans tous les sens durant plusieurs décennies, m’a fourni la liste des maîtres et des maîtresses de poste de Sanmaur. Oscar Roy, mentionné par McCarthy, est le premier de la lignée. Le record de longévité à ce titre était détenu par Joseph-Alfred Dubé, le grand-père de Paul. Il est curieux de noter, sur cette liste, qu’une dame Petitquay serait toujours maîtresse de poste... à Sanmaur. Le seul bureau de poste que j’ai repéré en 2006 et en 2007, est celui de Wemotaci.

Pierre Cantin , Wemotaci, 21 mai 2006. Photo : Jean Cantin.

JM achète des vêtements pour sa longue randonnée hivernale vers à Loutre dans un « Jew store (Manouane) », écrit-il.
[Ici, JM se méprend sur la nationalité, l'origine des propriétaires : le couple Rickard-Midlige n’a rien de «juif», car le mari, John Rickard, est de descendance écossaise, et son épouse, Eva Midlige, est syrienne, fille aînée de l’extraordinaire femme d’affaires Annie Midlige, laquelle avait déjà mis en place un réseau d’établissements dans les Hauts de la Gatineau et de la Saint-Maurice. Le missionnaire Étienne Guinard, dans ses mémoires, qu’il rédige en 1941, signale à quelques reprises la présence de cette marchande syrienne dans ses territoires de mission.
Ce magasin général, Rickard & Midlige, que visite JM, est en place depuis 1912 ou 1913, sur la rive droite de la Manouane, près de son embouchure, à quelques mètres du pont ferroviaire du Transcontinental, jeté sur cette rivière deux ou trois ans auparavant. Il y a d’ailleurs une gare à cet endroit que les commis de la Compagnie de la Baie d’Hudson nomment Manouane Crossing dans leurs rapports. C’est d’ailleurs là, semble-t-il, en juillet 1913, qu’était débarquée la meute d’ecclésiastiques qui accompagnaient le prélat Latulipe, dans sa virée épiscopale chez les Atikamekw de Wemotaci – Voir les premières pages de mon carnet. ]
6 mars
JM part pour La Loutre, en compagnie d’un dénommé Hamelin (conducteur de chevaux). Rencontre de Ti-Blanc Gagné (au 15 milles), puis d’un dénommé Miller (un type qui répare la ligne de téléphone).
8 mars
Il passe à un endroit entre Chaudière et La Loutre : Dorsey (campement amérindien).
Aux Mountain Rapids : un camp de la Brown, à 9 milles de La Loutre, qui fournit du bois à la scierie au barrage dont la construction a été terminée l’année précédente. Le commis, qui est aussi cuisinier, est un Français, un certain Julien. Jos « Tabarnak » Dufour y est le contremaître.
9 mars. Deux noms : DeCarteret, Rowell. À La Loutre : le gérant y est J. Carter. Pilote d’un bateau sur le réservoir : Rowell
[Ce «capitaine» Rowell ne manque pas d’humour; il collaborera à quelques reprises au Brown Bulletin. On y parle souvent de lui et on y trouve même sa photo.]
Pat Rheault’s Bay. Francis Grenon de la Commission des eaux courantes du Québec.
10 mars. Un étudiant, Hepburn. JM précise que la Fraser-Brace est partie rapidement de La Loutre, vers le mois de décembre 1918, y laissant les lieux dans un état de désordre. La Brown en prit possession comme « tels ». Dubé (un poste à la Hudson Bay Co.). Ernest Germain, mécanicien au garage. [Chouinard], menuisier.
Une précision intéressante sur la construction du barrage : “Old steam engine and small flat cars. All material was transferred at Chaudière from boats to railway for La Loutre by derrick!”
Le débarcadère de Chaudière. 1922.
[Étienne Guinard raconte brièvement les opérations entreprises par la Fraser Brace, à Sanmaur, pour transférer toutes sortes de pièces d’équipement depuis des wagons ferroviaires amenés à la rivière par une voie de garage qui sera ensuite utilisée jusque dans les années 1960 par la C.I.P. Les premiers bateaux de la Fraser Brace avaient été achetés de Jean-J. Crête, le célèbre entrepreneur des Grande-Piles. Ces bâtiments avaient été acheminés par train depuis La Tuque. On avait même dû élargir les abords de la voie ferrée en certains endroits.]
rrrrrrrrrrrrr
[D’après Guy Beaudoin, ingénieur à la retraite, qui travaillé à la réfection du barrage Gouin dans les années 1960, fils de Phil Beaudoin, beau-frère de JM, il y aurait eu au moins six locomotives sur le chantier de construction de La Loutre. Plus loin, JM signale que l’une d’elles a été envoyée à la ferraille et qu’il en a gardé les plaques d’identification. Ce serait le petit-fils, Patrick McCarthy, qui les aurait conservées.]

8 mars
Liste de noms de gens de La Loutre établie par JM
à l’endos d’un formulaire de la CIP – Store, rédigée de mémoire, sans doute vers 1963.
Blanc Gagné – un « lumberjack » ; Miller – monteur de la ligne de téléphone ; Julien – commis ; Coulombe – cuisinier ; Dubé – commis au « store » ; René Gauthier – ingénieur (mécanicien, de l’anglais engineer) à la Commission des eaux courantes ; D. Hepburn – opérateur radio ; DeCarteret – gérant ; capitaine Rowell – chef mécanicien – pilote du bateau ; Ernest Germain – superviseur, mécanique, garage (habite avec sa femme, la seule du village) ; Laravie (Laramie ?) – mécanicien ; Sam Germain – mécanicien ; Chouinard – charpentier ; Desjardins – technicien à la centrale électrique ; Grenon – Commission des eaux courantes (barrage) ; Duro (?) – « camp show boy » [aide cuisinier] ; Hamelin – responsable du transport vers Sanmaur ; Jos Dufour, alias « TABARNAC ». Cinq préposés au bois de chauffage. Dix hommes (bûcherons) au camp du 11 milles.
Avril
Une équipe dégage la voie ferrée. Charles Barrette, un mécanicien
La locomotive a heurté de la glace au Castor Blanc, à un mille et demi de La Loutre, et s’est renversée. Premier voyage en bateau depuis Chaudière jusqu’à Sanmaur.
[J’ai rencontré l’appellation «Chaudière Landing» dans des articles du Brown Bulletin.]
Mai
La locomotive et deux wagons plats descendent à Chaudière. DeCarteret tombe de l’un des wagons et se blesse. JM signale que les wagons ont déraillé plusieurs fois au cours du printemps.
Une courbe, près de Sand Pit Lake, porte le nom de Hamelin, le préposé aux lignes.
22 mai
Desjardins travaille avec JM.
Juillet
John Carter vient remplacer Decarteret, comme patron de la Brown au dépôt.
Août
JM prend trois semaines de vacances. À La Tuque, il rencontre Bill Nelson.
Septembre
JM de retour à La Loutre, par bateau jusqu’à Chaudière, puis par le train. Wagon plat.
Carter et sa famille s’installent à La Loutre.
Décembre
JM descend à Sanmaur.
** ** * 1920 * ** **
[Pas de dates précises]

Des entrepreneurs forestiers commencent la coupe du bois autour de La Loutre.
Les provisions montent par bateau depuis Sanmaur, puis par rail (sauf s’il y a accumulation de neige) et sont conservées dans l’immense entrepôt de la Brown. La distribution auprès de sous-contractants se fait ensuite à l’aide de chevaux. Par bateau jusqu’au lac Martel.
Charles McArthur est forgeron.
Oscar Roy quitte Sanmaur. Alfred Dubé le remplace. Frank Roy.
Trois employés sont licenciés : le chef cuisinier, son « side kick » Duro et le marchand de fourrures Dubé.
Durant l’hiver, ce sont des équipes de chevaux qui livrent les marchandises de Sanmaur à La Loutre. Percy Dale remplace Rowell.
Albert Chateauneuf, Louis Paradis, Hayes, Burgess, Donald Greig (Craig?), René Gauthier, Blanc Gélinas.
Des animaux de boucherie sont conduits depuis Sanmaur. Plusieurs bêtes sont perdues en cours de route. Disparues, dévorées sans doute par les ours ou les loups, pense JM.
Bill Burns Proteau : monteur de ligne. Installation d’une ligne de téléphone depuis la centrale jusqu’au pont de la Wabano. Blocs de glace stockés pour l’été.
Autres nom mentionnés : Major Neault, Paul Bordeleau, G… Plamondon, John Keenan, Alain Keenan, Jos Dufour, Harry Newmest (?). Construction de la “cook house” et du garage à Sanmaur. Un certain Germain est installé au 4 milles en amont du barrage sur le lac.
** ** * 1921 * ** **
11 juin
Un certain Leduc travaille avec JM.
La vieille locomotive à vapeur est remisée : trop lourde pour les dormants qui sont déjà endommagés par la pourriture. Livraison de camions équipés de roues pour circuler sur les rails entre La Loutre et Chaudière. Ces véhicules ne seront guère utiles dans la neige.

** ** * 1922 * ** **
13 octobre
Un déplacement vers Chaudière à bord d’un camion sur rail est annulé : trois pouces de neige.
Les opérations forestières sont plutôt calmes. La plus grande partie du matériel a été envoyé à Windigo.
La liaison avec Sanmaur se fait par traineaux tirés par des chiens, une fois la saison de navigation terminée. JM a marché de Chaudière à Sanmaur pour y prendre le train pour les vacances de Noël. Il avait fait un voyage plutôt froid à bord d’un camion sur rail depuis La Loutre.
Avec deux des garçons Keenan.
En septembre, Ernest Germain fait l’essai d’un moteur d’avion sur un « lorry » [camion] adapté pour circuler sur la voie ferrée.
Des noms : A. Curran, John Keenan, M. Neault, Charles McArthur, J. H. Carter, Bill St-Onge (ou Stacey ?), Jules Barrette, Tom (Cledlond ?) [Sans doute Cleland, qui apparaît parmi les employés de la Brown à La Tuque.], Archie Bilodeau, S. J. Bennett, Steve Maloney, Barney Keenan, McNaughton, Ed. Moore (venu pêcher de La Tuque, en juillet).
JM se rend à Obidjuan avec du matériel pour y bâtir le nouveau village des Amérindiens.

** ** * 1923 * ** **

De retour des vacances des Fêtes, JM fait le trajet Sanmaur – La Loutre en raquettes. Trois jours de marche.
Miller, Albert Durey, Lortie (François ?) vont en traineau à Chaudière. Il faisait moins 56 F.
Les activités à La Loutre sont pratiquement éteintes. JM travaille un certain temps au « moulin » à La Tuque. Feu de forêt dévastateur. Des centaines d’hommes montent à La Loutre y combattre le feu.
La Loutre, 1924.
** ** * 1924 * ** **

À Chaudière, on enlève le « derrick boom » [flèche d’un engin de levage], qui n’est plus sécuritaire.
On refait les ponceaux de Chaudière à La Loutre.
Le 2 janvier, incendie de la forge et d’une remise, à La Loutre. Le garage a été reconstruit, mais en plus petit. JM parle d’une sorte de route que peuvent emprunter les chevaux et les charriots.
John Keenan, Jos Dufour. Les djobbeurs travaillent au sud de Chaudière.
À La Loutre : en pique-nique, les Carter, Paul Brière, Ted Martinson, Gordon (Ahier ?), (Trahey?) Plamondon, Jim Lory.

** ** * 1925 * ** **

Arthur Robitaille, Bob Cummings, ingénieur. Tour d'observation des gardes-feu.
Premier tracteur à essence pour tirer les provisions vers la Wabano et les djobbeurs du 10 miles. Opérateurs : Charley Swan et Jim Lory.
JM a eu un Webster Collegiate Dictionnary, le 16 août 1925, de A.B.L.
20 novembre. 65 cm de neige.
** ** * 1926 * ** **

14 janvier. Visite de Jim Monahan
26 janvier. Fête pour Claire Giard : M. et Mme Carter, Phil, Catherine, Addie ( ?) Langley, Louis Paradis, Josaphat, M. Trottier, le révérend McLaren, Bob Cummings, M. et Mme Fred Madley (?), M. et Mme Ed. Brassard, M. et Mme Gauvreau, Ted Martinson, Jules Barrette, Grobey ( ?) Plamondon, Henri Dufour.
Henry Skeene, « dog racer », et son équipe de chiens vont participer à une compétition à Québec, une commandite de la Brown.
[Cet événement annuel, fort populaire, est couvert par la presse. Nombreux articles dans The Brown Bulletin. Il y en a aussi à La Tuque et à Berlin, NH.]
Jos Leandre, Charles Laravie (Laramie), atelier, Josaphat Béland, au « store ». La poste est livrée par une autoneige, la première. Souvent en retard. A. Reade est commis au bureau.
10 avril. Visite du médecin [peut-être Maxime Comtois de La Tuque] : Carter est malade.
19 avril. Wallace Burgess s’est marié à Québec. Il vient vivre à La Loutre. Le couple arrive à Sanmaur le 22.
22 avril. Mauvaises routes. Même l’autoneige ne peut quitter Chaudière. La poste arrive par chiens de Sanmaur.
1er mai. Lory et Bob Cummings.
5 mai. Voie ouverte vers le moulin à scie; le 6, sur un mille; le 7, sur deux milles et demi; le 8, sur quatre milles et demi; le 10, sur 10 milles; e 11, jusqu'à Marteau;le 12, finalement, jusqu'à Chaudière.
13 mai. Louis Paradis s’est marié à Lévis.
17 mai. La voie est « lessivée » au 12 milles. Charles McArthur hospitalisé à La Tuque.
La famille Brooks-Rousseau arrive à La Loutre.
29 mai. Visite du missionnaire oblat Cayer, venu de Parent.
3 & 4 juin. Il a neigé.
13 juin. Addie ( ?) retourne chez lui, à Norway, dans le Maine. Charles McArthur, Mr. Reade et JM, à Chaudière.
15 juin. Mariette Giard.
25 juin au 14 juin. JM en vacances à Québec et à Montréal. Retour à Sanmaur
16 juillet. De Sanmaur à Chaudière à bord du Alpha.
26 juillet. La famille Giard va à Obedjewan.
28 juillet. Dufour creuse le sous-sol de la maison de Carter. Panne d’essence du bateau de Giard.
1er août. Phil Beaudoin
3 août. Bateau de type « Alligator »
7 août. Simmons Brown
9 août. Premier tracteur à chenilles
10 août. Monsieur Richard
12 août. La Dominion Bridge commence l’assemblage d’un pont (sans doute sur le barrage). Contremaître : Phil Robertson.
23 août. «Brooks Brown and family went back to Berlin NH.»
Charles LeTemplier part travailler à Sanmaur. Albert Châteauneuf
26 août. Le premier pont est terminé : on commence le deuxième.
4 septembre. On peut traverser sur les deux ponts. Lortie se perd dans les bois. On le retrouve le 6.
19 septembre. JM et Mat Purcell vont travailler pour la Brown à un quai sur la Bersimis; ils y déchargent du bois destiné, semble-t-il, à Berlin, au New Hampshire.
[Sauf erreur, les goélettes transportaient le bois au quai de la Brown, à Québec, dans le quartier de Cap Blanc, sous la falaise, en face de Lévis et de Saint-Romuald-d'Etchemin. Un secteur dont la population est constituée à 50% d'Irlandais. La BC y a acheté les installations portuaires de William Lampson. Il est loisible de penser que cette pitoune - il en arrivait aussi des chantiers de la Brown sur la rive sud, à Rivière-Madeleine - parvenait à l'usine de La Tuque par chemin de fer. Sources : Brown Bulletin; Honorius Provost, Notre-Dame-de-la-Garde. 1877-1977. Québec, Société historique de Québec, «Cahier d'histoire», 30, 1977.]
1er octobre. Un groupe de la Brown remonte la rivière Wabano, premier affluent important sur la rive gauche de la Saint-Maurice.
19 octobre. Visite du père de Carter.
20 octobre. Arrêt de la navigation des gros bateaux.
Charles McArthur, Athol Reade ( ?), Jos Béland, [Phil] Vachon, Jim Lory, Phil Beaudoin, Ted Martinson.
30 octobre. Grand bal costumé à la coukerie [cuisine commune] de La Loutre.
2 novembre. Décès de monsieur Richard, sur la « tractor sleigh ».
3 novembre. Livraison d’un nouveau tracteur.
11 novembre. Charles MacArthur est muté à La Tuque.
2 novembre. Un bateau est pris dans la glace, à deux milles de Sanmaur.
22 novembre. Un camion sur rail amène une équipe de chiens à Chaudière pour y rencontrer une autre équipe venue de Sanmaur. Échange du courrier.
30 novembre. Bell, conducteur de tracteur, Phil Beaudoin, Béland, Reade et JM écoutent la partie de hockey Ottawa-Boston au téléphone. Ottawa 2 – Boston 1.
15 décembre. John Berg va à La Tuque.
27 décembre. JM achète le coffre d’outils de MacArthur.
La Loutre. Hiver 1927.
** ** * 1927 * ** **

Depuis quelques années, on peut capter les ondes de la radio à La Loutre. Matches de hockey, chansons, nouvelles.
JM à Sanmaur en autoneige, avec Phil Gauvreau et son épouse.
4 janvier. Dernier voyage du gros camion (sur rail) à partir de La Loutre : trop de neige.
7 janvier. Un plombier, un certain Élie, monte de La Tuque pour travailler à une nouvelle maison.
26 janvier. Moins 45 degrés.
11 avril. Visite de Jim Monahan.
12 avril. Deux milles de la voie ferrée sont ouverts.
12 avril. Gélinas et J. Monahan et JM vont à Chaudière. Voiture tirée par cheval. Prennent ensuite le bateau jusqu’à Sanmaur. Rivière presque gelée. JM part pour Québec.
Il se rend au bureau de la Brown Corporation, puis à la rivière Bersimis (il y a un dépôt et un moulin à scie, un quai, d’où partent les bateaux chargés de bois) et à Saint-Raymond. Train jusqu’à Rimouski. Traversée par bateau à Bersimis et à Papinachois. Louis Paradis, de La Tuque, le rejoint. Lancement des moteurs sur la Bersimis.
27 avril. JM est toujours à Bersimis, où il reçoit une lettre de J. H. Carter.
1er mai. JM va au camp Tessier.
3 mai. Arrivée de Bob Cummings.
5 mai. Le Manicouagan, premier navire à accoster au quai de Bersimis.
6 mai. Autre bateau : Itaroro (?). R. Brown était à bord du bateau.
8 mai. JM rencontre Henri Pelletier à Bersimis.
10 mai. La mère de JM, gravement malade, hospitalisée au Jefferey Hall, à Québec.
11 mai. JM part du dépôt, en haut de Bersimis. Traversée [du Saint-Laurent] de 5 heures et demie. Train pour Lévis.
13 mai. Décès de la mère de JM.
13 mai. Décès de Harry Smith, à l’usine de La Tuque.
24 mai. JM retourne à Bersimis.
5 juin. JM mentionne Dan O’Hurley (Bersimis).
29 juin. JM apprend qu’Albert Chateauneuf s’est marié à La Loutre.
JM note l’arrivée, à l’embouchure de la Bersimis, d’un « big schooner » : c’est le bâtiment d’un « bootlegger », un contrebandier d’alcool, en provenance des îles Saint-Pierre et Miquelon.
28 juillet. Au bureau de la Brown, à Québec, JM apprend que Charley Cox est mort subitement la veille, à La Tuque.
2 août. JM prend le train à Québec, à 8 h 10, pour Sanmaur.
3 août. Bateau pour Chaudière. Charles MacArthur, Jos Dufour. Lory part pour La Tuque.
15 octobre. Voyage à Québec.
11-17 novembre. À Québec et à Montréal.
19 novembre. Un bateau prend feu au quai, à Sanmaur. Jos Peet ( ?) gravement brûlé. On l’envoie à La Tuque par le « mixed » [petit train de jour du Canadien National, appelé «mixte» (prononcé mixe en français), car il véhicule à la fois passagers et marchandises diverses, de La Tuque à Parent ].
20 novembre. JM part de Sanmaur pour se rendre, à cheval, jusqu’au 15 milles.
Frank Driscoll, Andy McArthur.
21 novembre. JM part pour Chaudière. Lory vient le chercher en camion sur rail.
23 novembr. Dernier voyage du camion sur la voie ferrée : trop de neige.
1er décembre
Départ de La Loutre, à 8 heures, dans une « caboose » [wagon de queue] tirée par un tracteur à chenille. Arrivée à la rivière Manouane à 20 heures. Traversée sur le pont ferroviaire pour se rendre à Sanmaur.
4 décembre. Le train pour Québec est en retard de 10 heures.
14 décembre. Charles MacArthur enlève le moteur du « lighting plant » [centrale électrique].
18 décembre. La construction d’un pont flottant est à moitié terminée à l’embouchure de la rivière Manouane, à la hauteur de Sanmaur, par Charles MacArthur.
22 décembre. JM part de Sanmaur pour Québec à 1 h 20 du matin.
28 décembre. Première installation électrique à Sanmaur.
Charles MacArthur entreprend de construire un pont pour la Brown sur la Manouane, à Sanmaur. [Mélange dans les dates ?]
Jerry McCarthy, été 1927.

** ** * 1928 * ** **

1er janvier. JM est à Boston, puis à Montréal; le lendemain ; à Québec, départ pour Sanmaur. Le train part de Québec à 20 H 10.
4 janvier. JM arrive à Sanmaur à 6 heures. Température de moins 42.
10 janvier. Les premières lumières électriques sont allumées à Sanmaur.
17 janvier. JM monte à La Loutre.
28 janvier. Terrible tempête de neige. Même les trains sont arrêtés.
30 janvier. Moins 50.
18 février. « Masquarade Party » chez les Carter. Gélinas – Phil Beaudoin, Lory, Frank D., G. Plamondon, Catherine & Phil Carter, le père de J. Carter. Mlle L. Brassard, Lucienne Brassard, Eddy Brassard, Greg Burgess et famille, M. et Mme L. Paradis, M. et Mme Albert Chateauneuf, Jos Peet (?), M. et Mme Jos Giard, Paulette, Mariette, Maxime, J. M. Giard, M. et Mme Roger Vachon, Félix Vachon, Alban Vachon, Jos Dufour, Frank Roy, Jerry McCarthy.
20 février. Déraillement à Casey. La locomotive et 17 wagons ont quitté la voie à une traverse à niveaux. Deux morts : Mr. Sin ( ?) et l’ingénieur.
24 février. Un avion, avec à son bord le pilote et un Eskimo, perdu au nord ou à l’ouest du barrage.
24 mars. JM prend le train pour Québec.
30 mars. JM reprend le train à Québec.
31 mars. Arrivée de JM à Sanmaur, à 5 h 30.
1er avril. JM monte à La Loutre dans une voiture tirée par un tracteur. Se dit chanceux d’avoir mis ses « combines ». Arrivée à 21 h 45.
5 avril. Panne des tracteurs. Albert et Pothier descendent à Chaudière à cheval.
Carter père, Jos Dufour et Frank Roy partent ainsi.
Ils ne se sont rendus qu’à Dorsey, où ils doivent passer la nuit. Sans lumière, sans souper. Grosse pluie.
6 avril. Prennent le bateau au 15 milles. Ils se rendent au rapide des 9 milles. Trop de glace. Ils poursuivent leur route avec des chevaux et des chiens jusqu’à Sanmaur.
8 avril. Pâques. Un bateau « Alligator » coule à Carp Rouge.
9 avril : Va à Carp Rouge avec Lory, Beaudoin, Charles McArthur.
McCarthy
10 avril. JM revient à La Loutre à pied.
La poste arrive de Sanmaur par cheval.
11 avril. La rivière est ouverte jusqu’à Sanmaur.
13 avril. JM part pour Sanmaur.
14 avril. Les Rangers battent les Maroons. Coupe Stanley.
16 avril. La rivière gèle de nouveau.
17 avril. La famille Carter quitte La Loutre à 5 h et arrive à Sanmaur à 22 h. À cheval.
22 avril. Départ à 7 heures de La Loutre, cheval ; arrivée à Chaudière à 18 h 15. Frank Roy l’accompagne.
23 avril. Départ de Chaudière à 8 h. Arrivée à Sanmaur à 14 h.
Le freight du CNR livre le nouveau bateau de J. H. Carter à Sanmaur.
24 avril. McArthur installe le pont flottant à Sanmaur.
Louis Paradis et sa femme descendent de La Loutre.
26 avril. On débarque le nouveau bateau de Carter au quai de Sanmaur.
[On aura sans doute utilisé le tronçon installé par la Fraser-Brace, juste avant le début de la construction du barrage de La Loutre, lequel mène de la voie principale du CN, depuis la gare, jusqu'à la rivière. Au début des années 1950, elle menait toujours à une grosse citerne qui marquait les limites du village à l'est. La fin de cette courte voie, rails et dormants, est encore visible aujourd’hui (novembre 2007), en plein sous le nouveau pont routier qui mène à Wemotaci. Le bateau pèse 15 tonnes et demie.]
28 avril. Messe dite par un prêtre venu de Parent.
Le bateau de Carter est parti pour Chaudière.
2 mai. John Carter, Gélinas, Dale arrivent par train durant la nuit.
4 mai. “We went to Fred Dubé’s to hear two Germain [German] pilots…” [Un avion, ou deux, a dû se poser sur la rivière ou sur un lac près de Sanmaur. Référence à Alfred Dubé, alors surintendant de la Brown à ce dépôt.]
5 mai. Jos Prat (?). Tom Mongeon
8 mai. Charles Letemplier remplace Dubé, qui part en vacances.
10 mai. Remontée par bateau jusqu’à Chaudière.
14 mai. Le bateau Alpha ne peut quitter Sanmaur.
J.H. Carter, Brassard, Gélinas sont descendus en canot.
15 mai. Premier voyage du « Tunnel Steam Boat », le J. H. Carter.
27 mai. Frank Roy, malade, à La Loutre.
30 mai. Un gros groupe de la famille des Brown de Berlin est monté à La Loutre.
31 mai. Grand dérangement. Les Brown vont au lac Gull (?). Beaucoup de matériel y est transporté, dont un poêle de cuisine.
2 juin. Le groupe des Brown s’en retourne.
7 juin. Lortie est licencié de la centrale électrique : nul ne sait pourquoi.
Jim Monahan est monté de Sanmaur.
9 juin. Monahan achète un poney et l’amène à La Tuque. Lory et McArthur vont à La Tuque.
14 juin. JM au quai de Sanmaur.
16 juin. Retour à La Loutre. JM a vu un orignal au Castor Blanc.
22 juin. Prend le train à Sanmaur. 1 h 20.
12 juillet. JM de retour à La Loutre.
15 juillet. Ted, Gordon, Catherine, Evelyn, Phil, Mary Bunbury (?) : excursion de pêche.
15 juillet. Un avion en provenance de Chibougamau s’est perdu. Se pose à Carp Rouge. On va chercher ces gens à partir de La Loutre. Greb.
22 juillet. À la pêche avec McArthur au lac Marteau ( ?).
4 août. Phil Beaudoin. Charles Swan et sa femme.
10 septembre. On entreprend la construction d’une nouvelle maison de la Commission des eaux courantes.
24 septembre. Grosse neige.
25 septembre. Dernier trajet des bateaux : la rivière gèle.

** ** * 1929 * ** **
La Loutre. Vue, en aval, de la rive droite. 1929.

29 janvier. Décès, à l’hôpital Jeffrey Hales, de Jos Germain, de Sanmaur.
1er mai : JM travaille sur le navire de la Brown, le SS Itororo ( ?), au quai de Québec. Le 24, le navire est à Bersimis.
[John me confiait que son père n'avait pas tellement apprécié ce séjour sur les anciens quais de Lampson, au Cap-Blanc : les rats, prétendait-il, y étaient aussi gros que des castors...]
28 mai. De retour à Sanmaur.
9 juin. Le corps de Noé Pronovost, qui s’était noyé dans les rapides de la Wabano, est retrouvé, flottant à la hauteur de Chaudière.
15 juin. Retour de Swan.
18 juin. Famille Desjardins.
27 juin. La famille Vachon descend à Sanmaur.
29 juin M. et Mme Cummings et leur bébé arrivent à La Loutre.
4 juillet. Voyage à Sanmaur. Rompré et ses deux filles.
5 juillet. Installation d’une ligne téléphonique de Sanmaur à Wemotaci pour les institutrices et le poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson.
11 juillet. Départ de JM de Saint-Basile pour Sanmaur.
27 juillet. Le curé de La Tuque, Eugène Corbeil, et d’autres se pointent à La Loutre. Le lendemain, le groupe navigue sur le réservoir à bord du le Hildreth (?).
Un garde-feux, St-Hilaire, se casse une jambe dans un accident : sa draisine a embouti un wagon plat.
3 août. Le bateau Hildreth (?) vogue vers Oskélanéo, piloté par Skeene. À son bord : Charles McArthur, Jos Dufour, Joseph Giard, Walter Dale, John Carter.
4 juillet. Fête chez les Giard : M. et Mme Carter, Catherine et Phil, Walter Brockway, Charles Pothier, Gordon Ahier, Azilda, Maxime, John, Marie.
7 août. Maison des Grondin. Phil Beaudoin et sa sœur.
17 août. Anniversaire de JM. Il a 33 ans. Phil Beaudoin est opéré.
19 août. Voyage de pêche avec Ted Gordon.
23 août. Fête chez les Giard.
24 août. Départ de Mariette Giard et de madame Simmineau (Simoneau ?)
25 août. Voyage de pêche au ruisseau Marteau avec Jos Gagnon.
Les garde-feux installent une ligne téléphonique à partir de la voie ferrée jusqu’à la tour du lac Moose.
26 août. Passage de J. C. Corbett et de Jos Arseneault.
3 septembre. Mariage de Gordon à Montréal. Il revient à La Loutre avec sa femme le 12.
14 septembre. Voyage de pêche au lac MacDonald avec Lory. Ed White à la chasse.
17 septembre. M. et Mme Swan, Frank Roy et sa femme, en visite.
18 septembre. Amerrissage d’un avion. Le pilote vient chercher de l’essence et des vivres avec des Amérindiens.
28 septembre. JM à Sanmaur pour y prendre le train de Québec.
16 octobre. Retour de Québec. Départ du train à 20 H 10. Arrivée à Sanmaur, 4 h 30.
22 octobre. Pierre Paradis.
28 octobre. Un nouveau cuisinier : Michaud.
2 novembre. Visite de Gordon Brown et sa femme.
6 novembre. Jos Peet (Pitre ?) est malade.
9 novembre. Charles McArthur
10 novembre. Visite d’un camp de bucherons qui a fermé en 1926.
14 novembre. Le missionnaire Cayer, de Parent, en visite.
20 novembre. Dernier voyage du bateau vers Sanmaur.
22 novembre. Le lac est gelé.
23 novembre. Des tracteurs montent du matériel depuis Sanmaur. À Chaudière, le gros camion, sur rail, prend le relais.
25 novembre. McCarthy va à Chaudière, à bord du gros camion, puis dans une voiture tirée par un tracteur. Plus de 60 cm de neige par endroits.
26 novembre. JM installe des fils électriques à la maison de la Commission des eaux courantes à Manouane.
27 novembre. Dernier voyage du gros camion sur les rails.
28 novembre. JM part de Sanmaur, tracteur, à 7 h 30. Arrivée à la Loutre, 22 h. Pas assez de neige : dure randonnée.
30 novembre. Tracteur enfoncé dans un trou d’eau, à 11 milles de Sanmaur. La cabine est presque submergée.Un heureux camionneur, La Loutre, années 1920.