samedi 7 mars 2009

WINDIGO P.Q.


WINDIGO, P. Q.,
CAPITALE DÉFUNTE DU COMTÉ DE LAVIOLETTE
?
[40]

L’AMI, première livraison, décembre 1946.

Ultra rapides, mes contacts latuquois : dès la réception de la troisième livraison de L’AMI, ce trimestriel de création récente, publié par l’Imprimerie commerciale, vénérable institution latuquoise qui a dépassé le cap des 60 ans d’existence, à l’initiative du proprio d’icelle, le sieur Philip Valois, qui a agrippé les rênes de l’entreprise familiale de ses parents, Roland Valois et Constance Forrest, et de dame Carolyne Nadeau, la rédactrice en chef, ils se sont empressés de m’envoyer, par courriel, des scans des deux pages centrales où était reproduit en fac-similé le premier numéro d’un petit feuillet, lui aussi intitulé L’AMI, et rédigé, peut-on s’imaginer, à Windigo, alors le dépôt principal de la Brown Corporation sur la Saint-Maurice.
L’AMI, petite feuille éditée à Windigo en 1946. Recto.
Philip m’a raconté que sa mère, Constance Forrest –

dont le nom apparaît deux fois dans cette livraison
initiale – se souvient très bien du moment où on l’a imprimé.

Cet AMI, aux 62 ans bien sonnés, est un petit trésor historique. À ma connaissance, sauf quelques échos épars, répandus surtout dans les carnets sociaux de périodiques anglophones de la vallée mauricienne, on n’a guère rendu compte de la vie quotidienne des gens habitant dans ces petits hameaux parsemés ici et là en Haute-Mauricie et dans la partie australe de l’Abbittibbi au hasard des opérations de coupes de la Brown, de la C.I.P. ou de la Consol. Il y bien, dans certains récits autobiographiques [1] au tirage plutôt discret et restreint, quelques témoignages bien personnels sur la vie dans ces zones isolées, mais ils se comptent sur les doigts d’une seule main.

Les rédacteurs, aux ambitions pachydermique et aux propos philosophiques, se donnaient comme tâche de faire de leur publication l’organe du vaste comté de Laviolette et de fournir, aux gens de La Tuque, entre autres matières, «un état complet et impartial de tous les événements locaux et différents projets» de la ville. «Nous sentons», poursuit l’éditorialiste J. L (John Lacasse ?) que le public de La Tuque n‘a pas cet avantage et ne l’a jamais eu dans le passé.» Ces visées sont également exprimées par son collègue anglophone, autre timide qui ne donne que ses initiales : B.U.L.

L’événement, car c’en est un (voyez la définition de ce terme, galvaudé par les média) que constitue cette découverte, s’est produit en même temps que le lancement de LatuKoiseries, le carnet que signe l’historien en titre de La Tuque, le vénérable Hervé Tremblay. Le précieux document windiguien vient ajouter de la substantielle moelle à mon carnet, mais il m’a surtout permis de reprendre contact avec Philip, après un demi-siècle, lequel m’a aimablement permis d’en reproduire le contenu.
D’ailleurs Hervé trouvera un sujet en or pour l’une de ses prochaines chroniques : un commentaire sur la galerie de personnages latuquois caricaturés dans L’Ami. Le dessinateur, au talent certain, a en effet superbement réussi à saisir ces gens. J’aurais reconnu, sans légende aucune, Oscar Fontaine, le propriétaire du cinéma Empire, et Frank Spain, premier grand marchand général de la place.

Ce qui m’a forcément intéressé, ce sont les entrefilets sur Sanmaur et Windigo : deux prénoms, en particulier m’ont rappelé des souvenirs et je suis en mesure d’identifier trois types dont le nom y est mentionné et fournir le faciès de deux d’entre eux.

En fouillant dans les archives photographiques que m’a léguées ma mère, j’ai mis la patte sur deux clichés, jaunies par l’âge, sur lesquels apparaissent deux des quidams nommés dans les «Racontars de Sanmaur» : Frank Rivest et Bert McGraw, des collègues de travail de mon père à l’époque, et aux dires de Maizy, de mauvaises fréquentations du fait qu’ils étaient des célibataires. Quant à ce Sarto, que l’on dit riche, c’est Bundock, le préposé à la centrale téléphonique du bled, qui souffrait d’un handicap à une jambe. Ma mère n’avait donc pas du tout en odeur de sainteté ces joyeux célibataires au coude diantrement bien lubrifié, qui avaient le don d’entraîner (c’était son terme) mon père dans leurs activités peu orthodoxes, rarement, paraîtrait-il, la pêche ou la chasse où alors ces pratiques «sportives» devenaient-elles des prétextes à des réunions festives. La lecture du prochain épisode de mon carnet devrait fournir une explication scientifique à la popularité de cette lotion capillaire Vitalis.

Sur cette photo de 1950, prise à Sanmaur, en face de la coukerie,
de gauche à droite : un inconnu, Bert McGraw, autre inconnu,
Émile Cantin et Louis Lemieux. À l’arrière, l’increvable familiale Plymouth aux couleurs de la Brown. Celle-ci achetait surtout des véhicules fabriqués par Chrysler,
dont des camions Fargo.
Archives de Pierre Cantin.

Autre photo datant de la même époque, quelque part dans les environs de Sanmaur. Louis Lemieux est à gauche, Frank Rivet, au centre,
et Burt McGraw, à droite. Archives de Pierre Cantin.

Voici une photo qui date tout probablement de 1949 et regroupe
la crème des hockeyeurs de Sanmaur

Je n’avais pu identifier que quatre de ces Browniens sur cette photo que m'avait envoyée ma cousine Suzanne Renaud. Voilà que la mémoire vive de Sanmaur, Paul Tremblay, vient une nouvelle fois à ma rescousse et me donne cette liste : John Lacasse, l’entraîneur; Roland Dubé, gardien; Paul Bouchard, capitaine, défenseur; Wilbrod Tremblay, (d), père de Paul; Jean-Paul Laflamme (d); Roland Leclerc, ailier droit; Patrick Renaud, centre; Jean-Marc Bergeron; (c); Frank Langlois, ailier gauche; Claude Audet, (a.g.); Jos Tardif, (a.d.); Albert Boily, arbitre. Paul, qui a cette photo, me précise qu'elle a été prise le 16 mars 1949, à Montauban-les-Mines (Saint-Alban, devenu Notre-Dame-de-Montauban), dans les Hauts du comté de Portneuf, près de Lac-aux-Sables et d'Hervey-Jonction. Sanmaur avait emporté le match 8 à 4 contre l'équipe locale, les Anacon Miners.



** ** **
Je commenterai longuement, dans ma prochaine page, la magnifique photo frontispice de mon carnet, oeuvre d'un professionnel, image impérissable du patelin.

AJOUTS – ANNEXES – APARTÉS
COMMANDITES AMICALES
PATRONAGE POSITIF
À BUT NON LUCRATIF

A

Les parents de Philippe, Roland Valois et Constance Forrest, étaient des amis de mes parents. Ici, madame Valois pose en compagnie de ses fils, Philip et Paul, au relais 4H, situé à l’époque à une vingtaine de kilomètres au sud, sur la route 19, maintenant la 155. Nous n’avions pas de voiture et madame Valois nous y emmenait en pique-nique, le dimanche après-midi.

Un beau jour, préoccupée par la possibilité que ses archives photographiques ne puissent être interprétées correctement, ma mère avait entrepris d'identifier les gens qui y figuraient. Sa griffe, dans l'encadré, rappelle ce souci.
Photo : Maizy Lee Cantin.

B

C’est d’André Nadeau, le grand-père de Carolyne, que ma mère acheta, en août 1970, l’unique auto qu’elle ait jamais possédée : une Ford Maverick Grabber, photographiée ici sous le pont de La Bostonnais. J’aurais dû vendre ce cliché, réalisé au pont Ducharme, à la Bostonnais, en août 1970, au service de publicité de Ford !
Sources. Annonce Nadeau : pages jaunes de l'Annuaire de Télébec, décembre 1970; photo : Pierre Cantin.

C

DEUX CARNETS ESSENTIELS AUX FÉRUS D’HISTOIRE LATUQUOISE

Du bon usage de la typographie virtuelle

Il faut compter, parmi ses lectures mauriciennes, la fréquentation intensive de deux carnets, qu’éditent Micheline Raîche-Roy, sur le curé fondateur de La Tuque, Eugène Corbeil, et Hervé Tremblay, sur la ville et ses gens.

La Tuque, automne 2004. Micheline Raîche-Roy et Hervé Tremblay
posent dans un décor historique, celui de pont suspendu,
l’un
des premiers du genre au Canada.
Photo : Monique Raîche.
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http://lbiographieeugenecorbeil.blogspot.com/


http://latuquehistoire.blogspot.com/
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[1] J’ai déjà fait référence à l’ouvrage The Laurentians, de Morris Longstreth, dont l'épilogue est consacré, entre autres passages, à La Tuque, à Sanmaur et à La Loutre. Il y a sur Clova – mais c’est déjà l’Abbittibbi, paraît-il – un petit livre bigrement intéressant, écrit par Emelie Hubert, qui y a habité et où elle a travaillé un moment avec Paul Léon Rivard, ce médecin bien connu, lui-même objet d’une biographie, oeuvre de Bill Trent, et d’un film de l’ONF (http://www3.onf.ca/collection/films/fiche/index.php?id=2830). Près de la moitié de l'essai de madame Hubert est consacré aux années passées à La Tuque. Son mari était cadre à la division forestière de la C.I.P. C’est un ouvrage que m’a signalé Gaston Gravel et que j’ai pu obtenir de la fille de l’auteure.
Au hasard de recherches dans les banques de données des grandes bibliothèques nationales, j’ai déniché deux ouvrages d’une institutrice, Annette Billette, qui enseigna à Manouane et à Sanmaur, au début des années 1950, en compagnie de son mari, Guy Rivet (Rivest ?), le frère de Frank, dont il est question plus haut. Malheureusement, elle ne s’étend guère sur son passage à Sanmaur. S’ajoutent à ces essais, la fiction romanesque de deux récits de Normande Élie, où l’on peut quand même identifier quelques personnages sanmauresques. Tout cela, c’est du matériel à carnet. Je l’exploiterai, bien sûr.


Celles et ceux qui voudraient m'écrire devraient le faire en m'envoyant un courriel et non en passant par la rubrique «COMMENTAIRES», plus bas.
Mon adresse : cantinrevision@gmail.com

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