jeudi 30 juillet 2009

Petit intermède irlandais
ou
Des Lee, passés d’Irlande en France, auraient-ils mis sur roues, en 1896, la Société des Automobiles Peugeot ?
[48]

Le réputé lion de la firme Peugeot. Il en rugissait davantage, au siècle dernier, sur les routes des provinces du Québec. Surtout des 403, rares tractions avant ces années où les étatsuniennes titanesques et musclées marquaient le macadam.

Cette association Lee-Peugeot m’est passée par la caboche en prenant possession, le 9 juillet dernier, à Dublin, d’une Peugeot 308 flambant neuve, à conduite à droite et boîte de vitesses à gauche, of course, une voiture de location d’Europcar Ireland, quand j’ai aperçu, sur la capot de la rutilante turlute grise, le lion argenté monté sur ses grands chevaux, emblème du fabriquant français, noble félin qui, tout à coup, me rappela celui d’un porte-clés que j’avais reçu en cadeau, et qui illustrait supposément les armoiries de la famille LEE.

Le lion des armoiries de la famille LEE.

Le lion de Peugeot serait-il apparenté à celui des Lee ?
Photo: Pierre Cantin. Newcastle, Irlande, juillet 2009.

La ressemblance est frappante en tout cas. Mais le roi lion est-il l’emblème de ma famille maternelle ? Pas sûr, car j’ai découvert une version autre des armoiries de ce clan, sur un signet acheté au musée de l’écrivain James Joyce, à Castle Cove, en banlieue sud de Dublin.

Au verso du carton emballage d’une épinglette des armoiries des Lee, fabriquée en Irlande, oui, pas en Chine comme les modèles de goélettes gaspésiennes, par les Heraldy-Names Manufacturers Ltd, de Ballina, dans le comté de Mayo, on peut lire que LEE est un «nom topographique» anglais.

L’origine (traduction de mon cru) : «quelqu’un qui habite près d’un pré ou d’un pâturage, dans la clairière d’une forêt». On ajoute qu’en Irlande on le rencontre en de nombreux endroits, surtout en Ulster, et qu’il dériverait du mot LAOIDHEACH, signifiant «poétique». Le plus grand nombre de LEE se trouveraient, de nos jours, en Amérique, sous différentes variantes du patronyme : LEA, LEIGH, LEES, LAYE, LEY, LYE, LAYMAN, LEYMAN.

Armoiries des LEE sur un signet fabriqué par Privatmark, à Dublin.

Texte original du signet.

LEE serait, selon Privatmark, la forme anglicisée (et sauditement raccourcie…) du gaélique O’LAOIDHIGH, qui signifie «descendant de Laoidheach» [ma traduction, toujours]. Il dériverait du mot LAOIDH, «poème» ou «chanson». Les membres du sept («clan», semble-t-il, en irlandais, merci Internet !) les plus importants auraient été des médecins, d’une génération à l’autre, au service des O’FLAHERTY. Le texte ajoute que ceux portent ce patronyme sont probablement des descendants d’immigrants anglo-irlandais. La devise des Lee : «Je l’ai accompli.»

Comme je ne connais à peu près rien en généalogie, je ne saurais être en mesure de trancher : quelles sont les véritables armoiries de ma famille maternelle ? Mystère ! Tout autant que celui de ces leprechauns , les lutins irlandais. Tout comme à Saint-Élie-de-Caxton, en Basse-Mauricie, grâce à la sagesse du sympathique Fred Pellerin, on veut les préserver des chauffards.

Le carnetier, dans le parc national de Killarny, 14 juillet 2009.
Photo : Jacqueline Potvin.

Chose certaine, il y eut une concentration de LEE en Haute-Mauricie, à la fin des années 1940 et au début de la décennie suivante, et c’est là l’un des deux liens avec le présent carnet !

En effet, quatre des nombreux rejetons de mon grand-père maternel, James Robert Lee (21 avril 1889-15 décembre 1936) et de son épouse, Arthémise Bernier (18 juillet 1893-10 janvier 1929), Maizy, Donald, Juanita et Steven, auront résidé, ou plus brièvement séjourné, en Haute-Mauricie, plus soit à Chaudière, soit à Sanmaur, entre la fin de 1947 et 1955. De plus, la cousine de ma mère, Eileen Lee, m’a rappelé que sa famille, c’est-à-dire mon grand-oncle Leonard, sa femme, Jeanne Côté, et les quatre enfants, William (Bill), Eileen, Joan et Norman, étaient venus nous rendre visite à Sanmaur.
James Lee, mon grand-père, et sa fille Maizy, Saint-Romuald-d’Etchemin, vers 1918.

Je n’aurai par contre rencontré aucun bipède du patronyme lors de cette magnifique quinzaine passée dans la patrie de mon arrière-arrière-grand-père maternel, Thomas Lee (né en 1829) [1], qui a épousé, le 14 mars 1854, en Grande-Bretagne, une Britannique, Margaret Quinn (1828-11 novembre 1911)., et qui sera passé ensuite au Canada. Leur fils William (1855-23 février 1940) mariera Catherine Sheehy (1864-9 mars 1917) [2]. Mon grand-père sera leur quatrième enfant.



La grotte mariale de Sanmaur, œuvre du p’tit frère oblat, Conrad Auger, avec l’aide d’un flow de l’époque, Jean-Pierre Ricard, maintenant un joyeux retraité.
Photo : Léopold Lacasse, vers 1953.
21 mai 2006 : l’ouvrage maçonné par le p’tit frère Auger tient bon. l’un des rarissimes vestiges du village. Mon frère Jesn peut en témoigner : les constructions solides, ça le connaît.
Photo : Pierre Cantin, Sanmaur; les maringouins n’étaient pas encore sortis !

Le deuxième lien avec mon carnet réside dans cette réminiscence sanmauresque, provoquée dans mon esprit, par la vision répétée de grottes mariales, repérées, ici, et là, entre Dublin et Galway, en passant par les péninsules de Killarny.

Celle-ci, captée à Glenealy, le 10 juillet, m’a rappelé celle de Sanmaur.

Une miniature, écrasée par une immense église de la pittoresque petite ville côtière de Dingle, découverte le 13 juillet 2009. En lisant le toponyme, je me suis rappelé le taciturne Eric Dingle, avec qui mon jeune frère Jean était ami du temps où
nous logions au 737, de la rue Kitchener. [3]


Et puis, une deuxième, aussi à Dingle.

Quelqu’un semble avoir déposé quelques fagots en guise d'offrande à cette statue, installée dans la cour d’une école, à Fanore, le long de la côte Atlantique.

Une version ultra moderne, érigée en 2000, à Doolin, tout près des fascinantes falaises de Moher.

Tous ces monuments donnent à penser que, dans l’île des Saints, on ne manquait pas de loisirs, ni surtout … de pierres. Et que les Irlandais et les Québécois partagent les même passe-temps...

Photos des grottes d’Irlande : Pierre Cantin, juillet 2009.

N O T E S

[1]
Mes tantes, oncles, cousins, cousines devront probablement ajuster quelques dates de la généalogie des Lee. J’ai obtenu d’une ami, des copies numérisées de pages des registres paroissiaux de Saint-Romuald-d’Etchemin qui viennent contredire certains renseignements.

[2]
Mon arrière-grand-mère mourut la journée même où naquit ma mère, Maizy Lee.

[3]
Jean Cantin et Eric Dingle. Sauf erreur, les Dingle furent parmi les premiers Irlandais à s’installer à La Tuque. En avant-plan, la silhouette de Maizy Lee, prenant la photo. Août 1961.

Le carnetier et sa turlutte française, le long de la minuscule route 115, dit «Militaire» (Military Road), construite dans les années 1920, par les Britanniques, pour aller dénicher les rebelles irlandais retranchés dans les montagnes. Le circuit ressemble plutôt à une piste cyclable et il faut s’attendre à faire la rencontre de moutons en vadrouille.
Photo : Jacqueline Potvin.

Publicité dans l’Irish Times, livraison du 18 juillet 2009. Tellement verte, l’Irlande, qu’on y recycle même les corbillards. Avis aux bands de garage à la recherche d’un véhicule spacieux et confortable!

mardi 30 juin 2009

Manawan Crossing
Le triple enjambement de la Manouane,
à la hauteur de Sanmaur,
au beau milieu du vingtième siècle
II : Le pont de la Brown Corporation
[47]
Le pont, flottant parallèlement à celui du Canadien National. Vers 1948 [1].
Photo : archives de Patrick Renaud.


La photo suivante est tirée de la documentation conservée par Jerry McCarthy. Dans ses carnets d’éphémérides, à l’entrée du 18 décembre 1927, il signale que Charles McArthur a déjà construit plus de la moitié de ce pont qui servira pendant tout près d’une trentaine d’années. Et c'est le 24 avril 1928 que McArthur l’installe pour de bon.

Cette photo, sur laquelle on a écrit «Manouane 1929», provient de l’album de Jerry McCarthy. On y voit une section du pont, appuyé à la rive gauche, enneigée, de la rivière.
Aimablement fournie par Patrick McCarthy.

À la fin des années 1920, il y avait une route qui menait aux trois barrages érigés sur la Manouane, à la fin du dix-neuvième siècle, pour en régler le débit et faciliter la descente du bois de grume elle empruntait la rive gauche de ladite rivière. De nos jours, elle constitue un court tronçon de la forestière 25. On a construit ensuite un tronçon menant de la Manouane à Chaudière. Jusque-là, on empruntait la Saint-Maurice pour se rendre à cet endroit, à une cinquantaine de kilomètres plus au nord, puis l’ancienne voie ferrée construite par la Fraser Brace. Une petite flotte de camions adaptés à la circulation sur rails assurait le transport une bonne partie de l’année. Par la suite, on enlèvera les rails et le tracé deviendra un chemin de gravier.

Chose certaine, ce type de pont n’était pas nouveau. Il y en avait un à Windigo qui, jusqu’en 1947, avant Sanmaur, fut le principal dépôt de la Brown dans ses chantiers de la Haute-Mauricie. L’ouvrage de Sanmaur a dû servir alors durant une bonne vingtaine d’années puisque je possède quantité de photos prouvant qu’il a existé jusqu’en 1953 ou 1954. Toutefois, dès 1951 ou 1952, on utilisait un chaland en acier, autopropulsé, pour passer sur la rive ouest (gauche) de la Manouane. Ce véhicule passeur fera l’objet de ma prochaine page.

L’athlétique Patrick Renaud, mon oncle, sur le pont flottant vers 1948. Grand amateur de pêche et de chasse, il avait fondé un modeste club avec Robert Mercier [2], un col blanc de la Brown, et Gaston Pothier, le restaurateur qui deviendra millionnaire en faisant le commerce de tronçonneuses STIHL et de « machinerie forestière », dont une succursale sous la raison sociale La Tuque Scies à chaine Ltée.
Photo aimablement fournie par ma cousine Suzanne Renaud.

Mon frère Jean, en 1952, sur le chaland qui a remplacé le pont. Sous la bâche de toile, sauf erreur, les manettes des commandes du bâtiment propulsé par un puissant moteur de huit cylindres [3]. À l’arrière-plan, on voit très bien la descente en bois à laquelle s’arrimait la partie est du pont, un peu submergé. Photo : Maizy Lee Cantin.

Jean, plus d’un demi-siècle plus tard. Rive droite de La Manouane, 21 mai 2006. Photo : Pierre Cantin.
Le pont ferroviaire du Canadien National depuis le pont. Vers 1949.

Une traversée plutôt risquée : un tracteur à chenille qui se retrouvera en très mauvaise posture. Vue à partir de la rive gauche de la rivière. À gauche, l’ancien magasin général de Rickard & Midlige; les installalations de la St. Maurice Forest Protective Association; la maison de la Commission des eaux courantes, où a longtemps logé la famille Pelletier. Photo : archives de Patrick Renaud.
Seule la tension du pont semble être en mesure de supporter le poids du tracteur qui, finalement, sera tiré vers la rive par un gros camion Diamond T conduit par Albert Jeffrey. Photo : archives de Patrick Renaud.

Un puissant camion Diamond T de la fin des années 1940. La Brown Corporation en avait acheté plusieurs de l’armée après la Seconde Guerre mondiale. On les utilisait à toutes les sauces. Source : Internet.

D’aussi loin que je me souvienne, les logos de toutes sortes, mais surtout ceux des voitures et des camions, m'ont toujours passionné. J’ai appris à reconnaître, dans des magazine comme Life, Time et d'autres publications étatsuniennes, de même que dans Le Soleil de Québec, les différents modèles de véhicules bien avant d’apprendre à lire.
Quelle fascination de voir toutes ces voitures et de pouvoir les nommer, debout entre les deux banquettes de la Ford de l’année derrière Lucien Tremblay, l'habituel chauffeur de taxi qui venait nous chercher, ma mère et nous trois, les flows, à la gare du Palais de Québec, en juin, pour nous conduire à Saint-Romuald-d’Etchemin, où nous passions l’été. Mon père, redevenu en quelque sorte célibataire, demeurait à Sanmaur, non sans contentement, soutenait Maizy, qui ajoutait qu’il retrouvait alors sa vie de «garçon» !

Lucien Tremblay, chauffeur de taxi de Saint-Romuald, et sa berline Ford. Gaspésie, été 1954.
Photo : Léopold Lacasse

Jean Cantin, à bord de la Ford de Lucien Tremblay, avant le départ
pour le grand tour de la Gaspésie. Saint-Romuald, été 1954.
Photo : Léopold Lacasse.

Émile Cantin, Maizy Lee, Jean Cantin et Lucien Tremblay, en Gaspésie, été 1954.
Photo : Léopold Lacasse.


Trois anecdotes sur ce pont

On «ouvre» le pont pour laisser passer quelques embarcations.

Louis Lacasse, le fils de John, me disait qu’un soir ses parents, de retour de chez Jerry McCarthy, à La Loutre, étaient arrivés passé minuit à la Manouane. Le pont, que l’on laissait dériver le long des berges de la rivière, la nuit, pour laisser passer la pitoune venue du sud, n’était plus accessible à leur voiture. Les Lacasse avait alors dû emprunter le pont ferroviaire pour se rendre à leur logis de Sanmaur.

Steven Lee et Paul Desmeules, Chaudières, 1948. Photo : Maizy Lee Cantin.

Mon oncle Steven Lee m’a raconté une aventure passablement rocambolesque qu’il a vécue au printemps 1949, sur ce pont. Le patron du dépôt Chaudière lui avait demandé d’accompagner un djobbeur qui devait conduire une trentaine de chevaux à Sanmaur, une ballade de quelque 50 kilomètres. Le sol était encore enneigé et le pont flottant sur la Manouane, déjà installé. Suivant le troupeau dans une voiture à patins, les deux hommes ont eu toutes les misères du monde à garder les bêtes sur le chemin principal, car certains chevaux voulaient emprunter des chemins de traverse puisqu’ils y a avaient travaillé. Tout se déroula assez bien jusqu’au moment où la cohorte est arrivée au pont de la Manouane. Il fallait empêcher les chevaux de s’arrêter sur le pont pour boire, sinon à cause de l’instabilité du tablier, ils risquaient de se retrouvera à l’eau. Ce fut toute une entreprise que d'arriver à les faire passer sur l'autre rive.

Mon frère Jean et notre tante Juanita Lee, dans le bureau du presbytère de Sanmaur.
Photo : Léopold Lacasse.

Mon frère Robert, dont la mémoire tient parfois du prodige, pachydermique, m’a rappelé que le pont avait servi de quai un jour qu’on avait dû transporter notre tante Juanita Lee à l’hôpital de La Tuque. Un monomoteur muni de flottes, piloté par Rémi Bousquet, qui lancera plus tard sa petite entreprise d’avions de brousse, La Tuque Air Service, s’était posé sur la Manouane et avait accosté au pont.
Ma mère n’a jamais pu s’habituer à vivre seule à Chaudière, ce bout du monde, malgré une minuscule communauté, elle qui était habituée à être entourée de ses frères et soeurs de Saint-Romuald et de Lévis. C’est ainsi que se sont succédés, dans ce dépôt lointain, ce campe rustique chauffé, l’hiver, par le simple poêle à bois de la cuisine, Steven, le plus jeune de ses frères, qui quitta son premier emploi pour venir l’y rejoindre, puis Donald, et enfin, Juanita, la cadette de la famille.

Pierre et Robert Cantin, en compagnie de l’oncle Steven Lee, derrière le campe familial, gracieusement fourni par la Brown Corporation. Chaudière, sans doute au printemps 1948. Photo : Maizy Lee Cantin.

Sous des dehors d'une personne assurée, en mesure de tout contrôler et de tout régler, ma mère était un être fragile, très tôt marquée, meurtrie, par d’insoutenables tragédies, une enfance trop tôt ravie. Il m’aura fallu un demi-siècle pour comprendre sa vraie personnalité, et cela aura été trop tard. Maizy n’était à l’aise qu’avec les membres de sa famille immédiate.

Donald Lee, Pierre et Robert Cantin, Maizy Lee Cantin. Chaudière, 1949.

Mais dans ce microcosme quotidien, ce cocon familial, quelle force elle affichait ! Quel courage elle a su démontrer devant tous les tracas, légers ou lourds, qui pouvaient affecter sa progéniture.
Maizy fut ce pilier de béton, très armé, dont le cœur démesurément grand a su nous porter jusqu’à l’âge adulte… Chaudière et Sanmaur, c’était vraiment l’exil forcé.

Juanita Lee, Pierre et Robert Cantin, Chaudière, Haute-Mauricie, 1948 ou 1949.
Photo : Maizy Lee Cantin.

RETROUVAILLES
Patrick Renaud, Pierre Cantin et Juanita Lee. Rivière-Moisie, juillet 2008. Photo : Jacqueline Potvin.

Il y avait plus de cinquante ans que je n’avais vu mon oncle Patrick Renaud et ma tante Juanita, qui avaient habité La Tuque brièvement, en 1956 et 1957, après voir séjourné à Sanmaur. Émouvantes retrouvailles à leur chalet, situé à quelques minutes de l’aéroport de Sept-Îles, sur la Côte-Nord.


AJOUTS – ANNEXES – APARTÉS COMMANDITES AMICALES
PATRONAGE POSITIF À BUT NON LUCRATIF
ÉLUCUBRATIONS DE MÊME ACABIT OU FARINE

* * *
L’Écho de La Tuque signalait récemment la parution d’un ouvrage sur la Haute-Mauricie, deuxième livre d’un Trifluvien d’origine, Pierre Thiffault, un féru d’histoire et d’aviation : AU PAYS DES POISSONS-BLANCS. CHRONIQUE ROMANCÉE DE LA HAUTE-MAURICIE. L’œuvre conduit lecteurs et lectrices dans ces lieux parfois mythiques : Windigo, Wemotaci, Obedjiwan, Kekendatch, Sanmaur, Coucoucahe, Manouane, Oskélanéo… Elle se lit … comme un roman ! Documentation impressionnante, qui illustre une recherche poussée sur la région. (Laval, Éditions Tifographe, 2009)


[1] Paul Tremblay n'a pas tardé à me livrer ses impressions de lecture. Il se rappelle qu'en 1968 ou 1969, au moment où chargé de livrer de l'essence dans les camps environnant Sanmaur par son père qui travaillait pour Edmond-Louis Bouchard, le concessionnaire ESSO, la Imperial Oil Limited, à La Tuque, on utilisait encore, l'hiver, les deux extrémités du pont flottant accrochées aux rives de La Manouane, d'une longueur d'environ 10-12 mètres, pour confectionner un pont de glace, puisque le chaland était inutilisable durant cette saison. Paul me signale que l'édifice qu'on aperçoit, à gauche sur cette première photo, servait de garage pour deux camions de la St. Maurice Forest qu'elle plaçait là, à l'automne, pour se rendre à La Loutre.


[2]
Mercier épousera Normande Élie, une Latuquoise, écrivaine, auteure entre autres, de deux fictions romanesques dont l'intrigue se situe à Sanmaur. Dans ESCALES À SANMAUR, en plus du décor de mon enfance, j’ai reconnu au moins deux Sanmaurois de l’époque devenus, sous sa plume, personnages de roman. J'y reviendrai.


[3]
Mes conversations téléphoniques avec Paul sont toujours une source de renseignements et d'observations utiles à mes écrits. Ainsi, il m'a précisé qu'en soulevant la plaque de métal, tous juste derrière mon cadet, on avait accès au compartiment où se trouvait le moteur du chaland.



« Mais pour revenir à la question des enfants, quand elle [ma mère]
regardait les petits elle devenait à la fois optimiste et un peu nostalgique
elle aussi, à cause de l’avenir du monde qui repose sur les épaules de
l’enfance et à cause aussi du monde qui laisse de
moins en moins d’avenir à l’enfance. »
– Jérôme, le narrateur du roman de Jean-François
Beauchemin, Garage Molinari
(Montréal, Éditions Québec-Amérique, 1999).


Ces trois billots faisaient tout probablement partie de
la descente vers le pont ou le chaland

passeur des années 1950.
Rive est (droite) de la Manouane,
21 mai 2006. Photo : Pierre Cantin.