samedi 20 décembre 2008

Anne Midlige, traiteure de fourrures.
Un Libanaise, veuve de sa condition,
se mesure
à la Compagnie de la Baie d’Hudson
(Partie 1)


Texte original de Peter Leney, paru sous le titre
« Annie Midlige fur trader. A Lebanese widow defies the HBC »
dans la revue The Beaver, livraison de juin-juillet 1996, p. 37-41.

Traduction, adaptation et annotations de Pierre Cantin,
avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Au tout début du vingtième siècle, une figure peu commune parcourt de vastes étendues forestières (1) du Québec. C’est celle d’une femme, une Libanais née en 1864 qui, grâce à ses talents héréditaires de commerçante, s'avérera bientôt une réelle menace pour la puissante Compagnie de la Baie d’Hudson dans un secteur d’activités économiques où cette dernière exerce un monopole fort lucratif depuis près de trois siècles : la traite des fourrures (2).

Au pays, on connaît cette immigrante sous le nom d’Anne Midlige. C’est en canot qu’elle s'est mise, dans un premier temps, à remonter régulièrement la rivière Gatineau pour semer l'inquiétude chez les commis des postes de la CBH établis sur ses berges et à l’intérieur des terres. Le territoire qu'elle exploite va depuis ce qui est de nos jours le parc provincial Lavérendrye jusque dans les Hauts de la Saint-Maurice. Toute de noire vêtue, statut de veuve oblige, l’infatigable quadragénaire se déplace en canot d’écorce avec, comme seul compagnon, un guide amérindien. C’est ainsi qu’elle entreprit de s’immiscer dans un royaume qui, jusqu’en 1905, année où progressaient les travaux de construction d’une ligne de chemin de fer (3) devant atteindre les grandes plaines de l’Ouest, avait été la chasse gardée des Premiers Peuples et de la CBH.
Annie Midlige. Photo tirée de l'article du Beaver, 1996.

Bien sûr, nombreux avaient été ces petits trafiquants anonymes qui allèrent frayer dans les plates-bandes de la célèbre compagnie anglaise, au coeur de ces terres nouvellement ouvertes. Mais c’est surtout le nom d’Annie – ou plutôt celui de l’« Assyrienne », selon l’archaïque désignation, qui ressort indéniablement dans les rapports de la CBH : c’est elle, en effet, la principale fauteuse de trouble; c’est elle qui reste l’incarnation matérielle de « LA » compétition. Dès 1906, par exemple, dans un rapport des activités commerciales dans le « district » de la Saint-Maurice, il ne fait aucun doute que c’est bien elle dont il est question quand un commis de la compagnie, Alexander Milne, écrit : « … le plus notoire de nos concurrents est une Assyrienne, la première femme qu’il m’ait été donné de rencontrer comme compétiteur dans cette contrée sauvage. »


Un autre rapport, deux ans plus tard, blâme « une femme, une certaine Medlege [sic] » de couper les prix au poste de Kikendatch (4), dans les Hauts mauriciens, de façon si radicale que l’auteur du document va jusqu’à recommander à ses patrons de le déplacer , y compris les Amérindiens qui y habitent, plus profondément dans la forêt pour échapper à sa pratique.

Responsables de quatre enfants, cette veuve renouait avec deux traditions libanaises : le commerce et le cocon familial tricoté serré. Aussi les Midlige, une fois réunis en terre d’Amérique et guidés par la matriarche, se sont-ils rapidement retrouvés à gérer des magasins (5) et à faire la traite des fourrures sur presque tout le parcours du nouveau tronçon nordique du National Transcontinental Railway, qui avait déroulé sa voie ferrée depuis la Mauricie jusqu’en Abitibi. L’industrieuse Anne Midlige avait déjà terminé l’implantation de son propre réseau commercial quand, en 1913, fut planté le dernier crampon du nouveau tracé.

C'est sans éducation formelle, car elle n'avait pas fréquenté l'école, qu'Annie Midlige va réussir à bâtir son entreprise familiale. En guise de signature, elle ne traçait qu'un simple «X» au bas des documents qu'elle devait authentifier. Et question d'ajouter à sa nature déjà fort énigmatique, l'industrieuse commerçante n'aurait appris ni l'anglais ni le français (6), se contentant d'utiliser l'arabe et le parler des Amérindiens avec qui elle commerçait.

Annie n'a laissé aucun témoignage oral ni écrit. Un portrait d'elle se dégage toutefois des documents d'archives de la CBH, des souvenirs des petits-enfants qui ont pratiquement atteint les 70 ans ainsi que de certains passages des mémoires de son fils John. On y découvre une femme remarquable qui a adopté un mode de vie qui aurait été absolument inconcevable dans son pays natal, qui a su habilement saisir une occasion de profiter des occasions d'affaires que lui offraient ces nouveaux horizons. C'est ainsi qu'elle prospéra, selon son fils, « grâce à son acharnement au travail et à sa prodigieuse mémoire ».

S'adonner au commerce de fourrures dans les forêts vierges du Québec s'avéra un tournant surprenant pour cette femme du Moyen-Orient. Fusheeya Mitrè Tabasharini était née à Dhour el Choueir, un petit village sis dans les montagnes près de Beyrouth où, à l'âge de 18 ans, elle avait trouvé un emploi dans la plus grande fabrique de soie de l'endroit. Sa vie devait alors se transformer presque aussitôt en un véritable conte de fées car, un an après être arrivée en ville, elle épousait le directeur de l'usine. C’est ans qu’elle aménagea dans une propriété de la compagnie et profita des services d'une servante. En 1884, elle accoucha de jumeaux, John et Eva, puis de William et Salem. Malheureusement pour elle, cette vie de douceurs s'arrêta abruptement quand son époux, Nadar, mourut des suites d'une pleurésie, après onze ans de mariage. D'après le journal de John, Annie avait trop de fierté pour accepter l'offre de la compagnie de conserver la maison et de recevoir le salaire de son mari.

Elle prend alors une décision draconienne : elle ira chercher fortune en Amérique. Elle confie donc ses enfants à des membres de sa famille, vend une mule que lui a confiée un cousin et monte à bord d'une vapeur en partance pour New York.

Cela se passait vers 1894, au moment où une vague massive (7) emportait quantité de chrétiens du Liban, alors une partie de la Syrie, vers une terre nouvelle, l’Amérique.
(À suivre)

NOTES ET COMMENTAIRES


(1) Cette carte de 1915, à la rusticité certaine, insérée dans l’ouvrage d’Arthur Joyal déjà cité et utilisé dans le présent carnet, montre les endroits où se situaient certains des « établissements » de la famille Midlige mentionnés dans l’article de Leney. Archives de Pierre Cantin.

(2) La célèbre compagnie britannique fera également fortune dans le commerce des plumes d’oie, longtemps le principal outil utilisé dans l’écriture. À ce sujet, on lira avec intérêt l’article de Bianca Gendreau, historienne au Musée canadien des civilisations à Gatineau, « Une industrie de la plume d'oie : les pennes de la Compagnie de la Baie d'Hudson », l’un des huit textes en français – que j’ai eu la chance de réviser – contenus dans l’ouvrage édité par John Willis, conservateur au même musée, More than words : readings in transport, communication and the history of postal communication (Gatineau, 2007).

Voici comment le site du MCC présente le texte sur les oies et leur précieux parement.
«La plume d'oie est l'instrument principal de l'épistolier et elle règne sur le monde de l'écriture pendant de nombreux siècles. Elle constitue un marché très lucratif. La Compagnie de la Baie d'Hudson fait commerce des pennes dès le début de ses activités et celles-ci bénéficient d'une réputation d'articles de grande qualité.
Le succès des pennes de la CBH repose sur leur durabilité et une technique de préparation soignée, considérée comme un art. Ces plumes d'oie ont occupé, durant longtemps, l'avant-scène chez les grands marchands d'instruments d'écriture.»


(3) C’est le méga projet du National Transcontinental qui doit relier l'Atlantique au Pacifique et qu’il ne faut pas confondre avec le Canadian Northern qui, lui, en passant par Rivière-à-Pierre et Lac-Édouard, se rend jusqu’au Lac-Saint-Jean, à Chambord, aboutissant ensuite, à l’ouest, à Roberval et, à l’est, à Chicoutimi. Le NTR, avec quatre autres réseaux, deviendra, quelques années plus tard, le Canadian National Railway. C'est d'ailleurs pour le NTR, à La Tuque, que travaillait Phil Beaudoin quand la Brown Corporation demanda à la compagnie de chemin de fer de lui prêter ses services : la papetière états-unienne avait besoin d'un spécialiste en mécanique à son dépôt de La Loutre, dont elle venait de faire l'acquisition de la Fraser-Brace, l'entrepreneur qui y avait érigé le barrage de rétention. Beaudoin ne devait y passer que trois jours : il y restera jusqu'à la fermeture du dépôt, dans les années 1950, y rencontrant, tout comme Jerry McCarthy, sa dulcinée, l'une des filles de Joseph Giard.
Deux anecdotes latuquoises liées à Ambrose O’Brien (1885-1968), un des maîtres d'oeuvre de ce grand chantier de construction de la ligne ferroviaire financée par le gouvernement d'Ottawa, abandonné, dans cette aventure vers le Pacifique, par le Grand Tronc. C’est au lieu dit du «Fer à Cheval», me précise Hervé Tremblay, au sud-est immédiat de La Tuque, près du lac Wayagamac, où il avait installé son quartier-général, que se trouvait O’Brien au moment où il reçut un appel d’un associé lui demandant de s’amener à Montréal où se discutait le projet de la formation d’une nouvelle ligue de hockey. C’était en novembre 1909. Et la voie ferrée allait attendre Sanmaur et la rivière Manouane l’année suivante.
Durant son séjour dans la ville naissante, le millionnaire s'occupa d'activités philanthropiques, entre autres, d’une «quête» parmi les ouvriers affairées à la construction de la voie ferrée, qui, selon Hervé, rapporta plus d'un millier de dollars consacrés à l'érection de la mitaine de la paroisse anglicane de St. Andrews, temple qui est toujours en place au début de ce qui fut longtemps la « rue des Anglais». Pour en revenir au hockey, O'Brien allait fonder la National Hockey Association après qu’on eut refusé à son équipe de Renfrew, en Ontario, l’accès à la Ligue nationale de hockey, ce qui ne l'empêchera pas de créer la légendaire équipe du Canadien de Montréal.
L'épisode du coup de téléphone est raconté dans l'essai de Scott Young et Astrid Young, O’Brien, Toronto, The Ryerson Press, 1967.

(4) KIKENDATCH.
La réserve de Kikendatch était située à la naissance
de la Saint-Maurice,
tout juste au sud de La Loutre,
où sera édifié le barrage Gouin.

Dans un article, «Pourquoi les Attikameks ont abandonné Kikendatch pour Obedjiwan – L'histoire cachée», dans Recherches amérindiennes (vol. XXVI, no 1, 1996), Peter Leney explique les circonstances qui ont provoqué ce grand dérangement. Voici un résumé de l'article.

«Le déménagement des Attikameks de la bande de Kikendatch vers Obedjiwan, au début du siècle, est généralement mis sur le compte de l'inondation du site de Kikendatch en 1918 par les eaux du réservoir formé derrière le barrage Gouin. Toutefois, cette explication est incorrecte. En effet, les documents d'archives montrent clairement que ces autochtones, de même que leur poste de la Hudson's Bay Company, ont gagné Obedjiwan dès 1912 et que ce déplacement reflétait un désir commun de retraiter davantage à l'intérieur du territoire afin de se protéger de la poussée de la civilisation blanche qui menaçait de miner leur relation traditionnelle.»

Reproduction du contrat passé entre John Johnston Rickard et
Annie Midlige, à Parent, le 3 avril 1912.
Témoin : Charles McKenzie.

(5) Curieusement, Annie donne le prénom de «John» comme étant celui de son défunt mari. Les deux associés prévoient le lancement, à titre de «marchands généraux», de deux magasins: l'un, à Parent; l'autre, à Sanmaur. Ainsi donc, le « Jew store» de Manouane, mentionné par McCarthy dès la première page de son journal, en mars 1919, n'avait absolument rien de «juif». Il était géré par un anglophone, Rickard, un ancien employé de la CBH, et son épouse, Eva Midlige, une des deux filles d’Annie. À ma connaissance, ce magasin existait toujours dans les années 1960, tout juste avant de descendre vers le pont flottant jeté sur la Manouane. Et il me semble qu'un ex-Sanmauresque***, émigré à La Tuque, Yvon Pelletier, que j'ai rencontré à son antre de Sanmaur en novembre 2007, m'a confié à cette occasion qu'il avait lui-même opéré un magasin général dans le même édifice. Et, si je me rappelle bien, c'est un certain St-Jean qui y tenait boutique au moment où nous habitions le coin.

Sur la photo suivante, qui date des années 1960 et que m'a amicalement fournie Paul Tremblay, sur qui je reviendrai, car il est apparenté à McCarthy par sa mère, une Dubé, fille du maître de poste de Sanmaur, je serais porté à croire que la bâtisse grise, à gauche, sur la rive droite de la Manouane, logeait le magasin fondé vers 1913 par le couple Rickard-Midlige. Information sujette à confirmation.


Traverse de la Manouane, vue de la rive gauche (ouest). Là, presque à l'embouchure de ladite rivière, débutait le secteur Manouane, «banlieue ouest» de Sanmaur.

À droite, hors champs, immédiatement en amont, le pont du CN. On peut d'ailleurs suivre la ligne des poteaux de téléphone et de télégraphe, ainsi qu'un petit poteau blanc de signalisation du CN. Toujours à droite, la maison (brun pâle et blanche) érigée par la Commission des eaux courantes, dans les années 1930 ou 1940. La famille Pelletier y logeait.
Il n'y a qu'un mille séparant le pont ferroviaire sur la Manouane de celui de Weymont, jeté sur la Saint-Maurice, tout juste en aval de la réserve de Wemotaci. Un troisième ouvrage, surplombant la Ruban celui-là, est installé à quelques centaines de mètres à l'ouest de la Manouane.
Pour mes frères et moi, enfants à Sanmaur, ce chaland, qu'on devine sur la photo, était le bout du monde, notre farouest.
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(6) Louise-Anne Bais, de Parent, l'arrière-petite-fille de la commerçante, n'est pas d'accord avec cette affirmation. Selon elle, Annie aurait eu une connaissance minimale de l'anglais et aurait pu converser avec ses descendants. Peter Leney, qui a rencontré et interviewé de ses petits-enfants dans le cadre de recherches pour un reportage sur Oskélanéo, m’a répété que ceux-ci lui avaient confié que l’aïeule ne parlait guère l'anglais, pas plus que le français. Mais, ajoute-t-il, peut-être la vérité se situe-t-elle entre ces deux points de vue.
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(7) En débarquant sur le rivage du Nouveau-Monde, Annie s'inscrivait dans ce grand mouvement de la «Syrian Transatlantic Migration», qui dura de 1878 à 1924 et amena des centaines de femmes, sans mari ni protecteur masculin. Plusieurs d'entre elles avaient laissé la province de Bilad al-Sham, l'une des parties de la Syrie qui, à l'époque, englobait des pays actuels : la Syrie, le Liban, Israël et la Palestine ainsi que la Jordanie. On les appelait « Syriennes », ces femmes courageuses qui avaient traversé l'Atlantique dans l'espoir de se refaire une vie, plus agréable que la première. La majorité d'entre elles venaient du Liban et beaucoup avaient travaillé dans l'industrie de la soie.
Voir le document de Sarah Gualtieri, «Gendering the chain migration thesis» (http://muse.jhu.edu/journals/comparative_studies_of_south_asia_africa_and_the_middle_east/v024/24.1gualtieri.html).
Au début du vingtième siècle, le Canada comptait déjà près de 2000 immigrants venus du Liban et de la Syrie.
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*** Suite à deux petits commentaires sur sa prose somptueuse, mais surtout d'une immense pertinence, qu'il largue dans l'édition de fin de semaine du Devoir, le romancier et chroniqueur Louis Hamelin m'envoie un courriel qu'il termine ainsi : «Et que votre remontée sanmauresque se poursuive du bon sens!» Diantre, que ce néologisme me plaît ! Gentilé assurément plus élégant que celui de «sanmaurien», dont la syllabe finale verse quelque peu dans la péjoration, plus original encore que celui de «sanmaurois». J'adopte, quitte à lui verser de pharamineuses redevances... Cette belle trouvaille ajoute bau conteniu mauricien de mon carnet : Louis Hamelin est originaire de Saint-Sévérin-de-Prouxville, en Basse-Mauricie.

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dimanche 7 décembre 2008

LES GIARD DE LA LOUTRE
(Titre ambivalent, pas tout à fait approprié à son contenu…)

Vue partielle du dépôt de la Brown Corporation, à La Loutre, sous la neige, en 1937. Archives de John McCarthy.

Mon lectorat, bien malin qui pourrait l’affirmer avec conviction, ne doit pas être trop, trop mondial, plutôt réduit, écrirais-je, mais attentif, me semble-t-il. Bien que, comme me le signalait l’érudit Hervé Tremblay qui, lui, a reçu récemment une requête bien pointue, venue de l’autre côté de la mare aux harengs, lancée par un Bruxellois via la poste tout à fait électronique du Ouaibe, à la suite de la parution de l’une de ses capsules dans L’Écho de La Tuque – Internet, quelle puissante et efficace courroie de transmission tout de même –, je doive exprimer une certaine surprise, celle de constater jusqu’où se rendent mes propos, un étonnement certain de l’effet que certains d’entre eux peuvent produire.

Pour en revenir à ce compatriote de Tintin, sans doute loyal sujet de l’obsolète monarque Baudoin le Premier (sans « e »), sorte de réplique belge de Bébette la Deuxième, lequel serait, d’après un illuminé qui a commis un essai sur le sixième roi du pays des frites et des moules, « une âme pour l’Europe » (oui, oui, sérieux, le type !), qui voulait davantage de renseignements sur la famille latuquoise des Hillier, je pourrai simplement lui apprendre, de mon côté, que le premier du nom, Harry R., travailla d’abord à La Loutre, pour la Brown Corporation, avant de se lancer dans la mercerie à La Tuque, longtemps au 533, rue Commerciale, puis à Val d’Or. C’est ce que j’ai découvert dans les écrits de Jerry McCarthy.

Pour en revenir à mon lectorat, moins imposant que celui d’Hervé, ce coquin qui fait dans la diffusion de papier, il compte Guy Beaudoin, qui a lu Hergé, certes, mais qui n’a pas de sang bleu, ni d’ancêtres belges, et qui, de temps à autre, me passe un coup de fil, depuis son gîte de Sainte-Adèle, P. Q., pour commenter ma prose, me fournir des détails additionnels sur les activités de sa jeunesse et de son adolescence passées dans les Hauts-Mauriciens, le plus souvent sur le quotidien de la vie tout là-haut, au milieu du siècle dernier. Il parle en connaissance de cause : il est le fils, unique, me précise-t-il, de Phil Beaudoin et de Paulette Giard, neveu donc de Jerry McCarthy, dont le recueil d’éphémérides relatifs aux activités de sa vie à La Loutre et à La Tuque est une source de données historiques de toutes sortes. Je n’ai pas fini d’y puiser pour l’écriture de mon carnet.

L’adolescent Beaudoin, à droite, à La Loutre vers 1950, en compagnie des deux fistons de Jerry McCarthy, John et Lorrain, et d’un troisième cousin, tout à gauche.
Trois jeunes, Giard par leur mère : Lorrain McCarthy et Guy Beaudoin encadrent leur cousine Lise Chateauneuf, à La Loutre, vers 1948.
Les deux photos m’ont été aimablement fournies par Guy.

Pendant une partie de ses études, Guy a travaillé pour son oncle électricien. Il installait des lignes téléphoniques et électriques au barrage Gouin et dans les environs pour le compte de la Brown Corporation, puis de la Canadian International Paper, la C.I.P., qui, en novembre 1954, fera l’acquisition des avoirs de la filiale canadienne de la Brown Company, de Berlin, au New Hampshire. Ingénieur à la retraite, Guy « monte » plusieurs fois par année à La Loutre où il a encore un chalet.
Annonce tirée des pages « jaunes » de l’annuaire de Télébec Ltée pour La Tuque – Clova – Lac Édouard – Parent – Rapide Blanc – St-Roch-de-Mékinac – Sanmaur et environs – and vicinity, édition de décembre 1970.
Je n'aurais jamais pensé qu'un bottin téléphonique ait pu posséder autant de vertus nostalgiques.

Le bilinguisme pas tout à fait raffiné de l’annonce est un exemple de l’effort d’une francisation « industrielle » qui n’a jamais vraiment touché le sol latuquois. Pas facile d’effacer plus de cinq décennies durant lesquelles l’anglais était la langue de travail pour la majorité des gens de La Tuque. Les véritables dirigeants de la ville ont longtemps logé rue On the Bank et même les curés d’icelle ont dû s’y résigner… Encore aujourd’hui, à moins que je ne me trompe, c’est le terme moulin (anglicisme pour « usine ») qu’on utilise le plus souvent dans la conversation… Bien sûr, dans cette pulperie fondée par des Étatsuniens, il y eut bien un vrai moulin, le moulin à scie. Mais comme c’était le « La Tuque Mill »… À partir de novembre 1954, la papetière étatsunienne qui en était la propriétaire à l’époque fut toujours désignée par son sigle, CIP, prononcé à l’anglaise. À ma connaissance, on y a toujours dit la « Si-aïe-pis » et nommé les différents départements et corps de métier de leur appellation anglaise. Au milieu des années 1960, en dépit des tentatives multipliées de mon supérieur immédiat au département du « coste acconnetigne » du « maine office » empoussiéré, Aimé Vachon, hardi défenseur de la langue de Molière, qui me demanda de traduire les nombreux formulaires utilisés dans l’usine, la langue de Bill Shakespeare continuait de marquer les échanges écrits. Dans les rapports qu’on me fournissait pour établir les coûts de production d’une tonne de papier kraft sur la machine numéro 3, en 1966, je ne trouvais que des corps de métier nommés en anglais : painters, pipers, millwrights, et tutti quanti. J’ai souvenance d’une belle perle bilingue, glissée dans un rapport par le crayon d’un mécanicien : «Répairé les braiques du truck… », avait-il écrit. Cette graphie résolument bilingue annonçait sans doute l’apparition des Belles-Sœurs du grand Michel Tremblay. Mais l’énoncé n’eut jamais la suavité de cette phrase entendue au « circulation desk » de la bibliothèque principale de l’Université d’Ottawa, en septembre 1969. La préposée au prêt des livres, une Gatinoise de souche, expliquait à sa collègue que « son tchomme ne pouvait plus faire de spide avec son char parce qu’il ne pouvait pas afforder les fines » !

Secteur sud de la ville, on disait « Woudelande » pour désigner la Division forestière où travaillaient mon père et quelques anciens de Sanmaur et de Windigo. La Woodlands Division occupait une partie de l’ancienne usine d'Aluminium Canada, boulevard Ducharme, dont le gérant, naguère, fut quelqu’un de bien connu à La Tuque : Lucien Filion.
« FILION, Lucien », entrée tirée de l’ouvrage à souscriptions Vedettes 1952 – Le fait français au Canada (Première édition, Montréal, Société nouvelle de publicité, 1953, p. 169).
D’autres Latuquois connus y ont « payé » l’inscription de leur biographie, dont Auguste Dubois, Romulus Ducharme, Aldori Dupont, question de s’assurer de passer à la postérité et de la pérennité de leur patronyme! Ouvrage important, car maintes soutanes y ont laissé quelques lignes sur l'histoire de leur paroisse, celle de leur congrégation et de plusieurs institutions de santé et d'éducation.

Novembre 1954 avait marqué la fin d’une époque et, comme me le disait mon père, – McCarthy en fait état dans ses mémoires du règne de la CIP – ça n’a jamais plus été pareil : la Brown avait eu l’habitude de bien traiter ses employés par toutes sortes de pratiques et de manifestations. Les relations de travail avaient changé. La philosophie « bon papa» de la Brown se vérifie à la lecture des premières années de parution du Brown Bulletin, en 1919 et 1920. Déjà, à Berlin, au New Hampshire, la maison-mère, la Brown Company, avait mis sur pied une « Relief Association… », une espèce de mutuelle d’assurances à laquelle participaient les employés des différentes usines, dont celle de La Tuque. Le Bulletin donne des listes de ceux qui ont bénéficié de cette protection. Ce sont des nomenclatures intéressantes puisqu’elles permettent d’y dénicher le nom d’employés francophones de l’époque et de retracer plusieurs Québécois et Québécoises qui, à l’instar d’Alonzo Surprenant, le personnage de Maria Chapdelaine du beau roman éponyme de Louis Hémon, avaient désobéi aux enseignements de l’Église et avaient allègrement franchi la frontière pour trouver du travail dans les villes industrielles de la Nouvelle-Angleterre.

Page de titre du numéro initial du Brown Bulletin. Archives d'Hervé Tremblay.

Donc, de temps à autre, Guy Beaudoin, inspiré par un commentaire de mon carnet, me passe un coup de fil. Je déploie alors, en face de mon portable, un vieil agenda dans lequel je note toutes sortes de choses sur Sanmaur et les environs et j’y consigne les précieux renseignements qu’il me refile sur ces années passées là-haut, un endroit où il retourne d’ailleurs encore plusieurs fois par année, par la route de gravier qui y mène, via La Tuque et La Croche.

La dernière fois qu’il m’a téléphoné, c’était pour jaser des photos de la Haute-Mauricie que je lui avais fait parvenir, gravées sur un disque compact. Sur l’une d’elles, récupérées en juillet dernier à Sept-Îles, dans le riche album de souvenirs de mon oncle Patrick Renaud sur son séjour à Sanmaur, il avait identifié, à sa silhouette, un employé de la Brown à la fin des années 1940, Albert Jeffrey. La photo est floue : j’en suis en partie responsable. Elle fait partie de la cinquantaine que j’ai prises, à main levée, directement du précieux album de Tit-Pat, comme ses amis l’appelaient à Sanmaur et que je présenterai plus longuement quand j’accosterai à Sanmaur.
Un puissant camion de marque Diamond-T, muni d’un treuil, s’apprête à tirer vers la rive un énorme tracteur à chenilles Caterpillar, enfoncé dans l’eau quand le pont flottant installé sur la Manouane, à Sanmaur, s’est partiellement affaissé sous son poids. D’après Guy, la Brown avait acheté plusieurs de ces camions de l’Armée après la Seconde Guerre mondiale. Photo : Patrick Renaud, vers 1948.

Sauf erreur de ma part, la famille de ce Jeffrey, décédé récemment, me précise Guy, qui a fait de nombreux voyages de pêche en sa compagnie, avait habité à l’angle nord-est des rues Tessier et Saint-Michel, voisin donc du plus haut édifice du coin, le 348 Tessier, qui abritait l’épicerie de Beau Blanc et d’Albertine Tousignant, de même que quatre logis répartis sur deux étages.

L’édifice de Léo et d’Albertine Tousignant au 348 de la rue Tessier. Il n’a pas changé : il est presque le même qu’en décembre 1956, quand nous en sommes partis, ma famille et moi. Photo Pierre Cantin, 23 mai 2006.

Nous créchions au deuxième (troisième pour utiliser le « calcul » québécois), voisins de palier de Jean-Claude Gilbert et de Nicole MacDonald et de leur fils Jean. Les Tousignant et leur fille Solange habitaient au premier, au 348A, à côté du plus petit des logis, le 38B, lequel accueillait les sœurs Labonté, deux institutrices, célibataires et apparentées, je crois, à la propriétaire.
Le balcon de l’étage supérieur : les logis 348C et D, naguère habités par les familles d’Émile Cantin et de Jean-Claude Gilbert. Photo Pierre Cantin, 23 mai 2006.

Quand je rate un de des appels de Guy, c’est moi qui compose son numéro à Saint-Adèle, P.Q. Guy est l’un de ceux dont la mémoire vient s’ajouter, à la mienne toute floue, toute mémoire « extérieure », une transmission de détails qui trouvent place dans mon carnet. Il m'a ainsi appris que le grand-père, Joseph Giard, avait été greffier à la Cour du recorder, à Montréal, et qu'à sa retraite, on lui avait proposé un poste de gardien au barrage de La Loutre, dont la construction venait tout juste de s'achever. Il amena donc toute sa smala dans ce coin tout à fait reculé. Méchant déménagement : de Montréal à la naissance de la Saint-Maurice !
Le penseur au sciotte : Guy Beaudoin au lac Nachicapau, en Ungava, en 1959.
Photo aimablement fournie par Guy.


NOTES

Le Brown Bulletin a été précédé, brièvement, par une petite publication, Burgess Screenings, du nom de l’usine de sulfite de la Brown Company de Berlin, lancée en 1918. Il semble que ce périodique soit bien rare : même la prestigieuse Library of Congress, à Washington, ne l’a pas dans ses collections… ou alors je ne sais plus chercher intelligemment dans les catalogues de bibliothèques!
En-tête du Burgess Screenings. Archives Hervé Tremblay.

Dans la livraison de mars 1919 (vol. II, no 1) du bulletin, on peut y lire que la Burgess Relief Association a versé plus 6500$ aux victimes de l’épidémie de grippe espagnoles ainsi qu’à leurs proches. Parmi les administrateurs de l’Association, trois francophones : Napoléon Couture, Andrew Melanson [un Acadien sans doute], Louis Delarge. La graphie des patronymes français est souvent malmenée quand elle n’est tout simplement pas méconnaissable…
Encore, de 1964 à 1966, au moment où j’ai travaillé au « maine office », le terme « reliffe », légèrement aromatisé à la québécoise, était encore en usage pour préciser que tel ou tel employé de l’usine était en congé de maladie. On disait du quidam qu’il était « sua’ reliffe » ! Ailleurs, on employait le terme « compensation », pas plus français!

The Brown Bulletin, 1922.

dimanche 30 novembre 2008

CORBEIL – COMTOIS – MIDLIGE – RAÎCHE-ROY

De l’obnubilation – de l’enfirouâpage – des gens ordinaires

ou bedon

Où il est question, en partie, de nobles bêtes et de bêtes bipèdes baptisés

ou bedon encore

Personne n’a l’obligation de s’imposer la pénible lecture de ces petites proses drôlement échevelées, versant honteusement dans le pamphlet décousu mais pas nécessairement logorrhéique…


« L’histoire sera pour ceux qui avaient une voix et une voix forte. L’histoire la plus réelle est pourtant celle des gens qui subissent les évènements et l’histoire n’aurait pas de plus grande chance de découvrir la vérité qu’en écoutant le point de vue des victimes ou des dupes. »
– Pierre Vadeboncoeur, L’autorité du peuple
(Québec, Éditions de l’Arc, 1965)


Je ne me souviens plus du nom de l’auteur (j’ai sa tête en tête, mais…) qui m'a croqué le faciès à l'époque, mais cette prise a été utilisée pour de multiples auto-collages postalo-rhinoférociens plutôt naïfs; la bête, elle, est empruntée à l’univers absurde du grand illustrateur et philosophe, Yvan Le Louarn, dit Chaval (1915-1968), philosophe dissertant par le crayon plutôt que le caractère typographique. Un grand penseur.

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J'étais de nouveau monté sur mes grands rhinos et m’étais lancé dans une frénétique galopade sur le clavier de mon portable pour y aller d'un texte qui s'attaquait, sans les nommer, bien sûr, à deux pédophiles notoires, qui auraient (on notera l’emploi euphémisant de l’auxiliaire avoir, employé ici au très conditionnel, mode du doute certes, mais qui ne saurait affaiblir en rien la solidité des témoignages reçus dans ce dossier bien « fermé », ou du moins inconnu de la population en général), deux notables qui auraient « désoeuvré » à leur aise auprès de jeunes Latuquois (ne cherchez pas le féminin ici…) pendant longtemps, en toute impunité, forts de la protection qu'avaient pu leur accorder, par leurs silences ou leur inaction, les quelques notables du patelin, en particulier l'aréopage ensoutané, qui ne pouvaient pas ne pas être au courant de leur pratique ignominieuse. Aujourd’hui, quelqu’un aurait sans doute le courage de les dénoncer à la justice. Depuis l’endémique entreprise de défroquage qui suivit Vatican II, la gente ensoutanée a beaucoup perdu de sa superbe et de son pouvoir.
Caricature de Pierre Cantin entuqué : création de Carl A. Martin, 1985. Le quadrupède est de Marcel Gotlib, le créateur, en 1968, de la Rubrique-à-Brac,
pages sublimes du mémorable magazine Pilote.
Serge Chapleau en a repris l’idée et la façon qu’utilise Gérard D. Laflaque.


L’élément déclencheur initial de ma galopade fut la lecture d’un texte trouvé par hasard, dans Internet, une apologie dithyrambique (oui, je sais, je fais carrément dans le pléonasme tautologique !) de l’un de ces deux notables latuquois qui avaient dérobé à plusieurs jeunes gens un pan de leur adolescence. C’était là un coup d’encensoir qui provoqua chez moi un haut le cœur, compte tenu de la bassesse du personnage célébré et de la perversité de ses actes… Cette trouvaille advenait au moment où paraissaient des propos très incorrects du curé fondateur de la paroisse de Saint-Zéphirin-de-La-Tuque, livrés, dans son carnet, par Micheline Raîche-Roy, dame arrivée sur la planète au siècle dernier, littéralement délivrée de son antre utérin par les bons soins d’un accoucheur expérimenté, Maxime Comtois.

Un Pierre Foglia quadragénaire pose en compagnie d’un
placide pachyderme
emprunté à Gotlib.

Ensuite, il y a eu la lecture d’un chronique de Pierre Foglia (« Et voilà pourquoi ils puent, madame » (La Presse, 25 octobre 2008), dans laquelle il se livrait à une présentation décapante des dévoués politiciens qui sont allés, en dignes représentants du bon peuple qui ne saurait décider par lui-même de ce qui est bon pour lui, supplier le pape des grands prix de formule 1 de ne pas « abandonner » Montréal… et de faire ainsi de fieffés fous d’eux-mêmes.

Rhino moqueur tiré d’un album illustré pour enfants apolitiques.

Puis j’avais lu, dans un essai de Daniel Poliquin, traducteur et romancier, Le roman colonial, (Montréal, Boréal, 2000), pamphlet virulent, mais honnête sur la réalité politique québécoise des dernières années, des pages relatant le cas d’un notable, administrateur scolaire d’une petite ville française de l’Ontario, qui profitait de son pouvoir pour abuser de jeunes institutrices. Je livre ici ces paragraphes : ils cadrent bien dans cette page qui s’éternise… L’entreprise de l’auteur est admirable : il pousse la dénonciation jusqu’à donner le patronyme de l’abuseur…
Je me suis de plus rappelé un passage du récit Deux voyages en canot sur le Saint-Maurice (de l’ecclésiastique Napoléon Caron (à ne pas confondre avec l’oblat qui évangélisa les environs de Parent et dont parle Jerry McCarthy dans ses éphémérides…) - (Trois-Rivières : Librairie du Sacré-Coeur, P. V. Ayotte, libraire-éditeur, [1889?]; on peut lire cette édition en ligne.), rapportant froidement une bien cruelle anecdote relatant le martyre d’un cheval. Le pieux abbé en parle sur un ton où on chercherait en vain toute trace d’empathie à l’endroit de cette pauvre bête exploitée par son maître jusqu’à son dernier souffle. Une triste illustration de la bêtise humaine. Caron, lui-même « homme de Dieu », donc chargé de propager l’amour d’un supposé Créateur et de ses créatures, aurait pu au moins manifester sa désapprobation face à cette vile action. Mais je laisse la prose de ce bel esprit chrétien parler d’elle-même. Mauriciens et Mauriciennes y trouveront quantité de données intéressantes sur les riverains de cette époque.

Bêtes superbes, à Messines, en Haute-Gatineau.
Photo : Pierre Cantin, 23 septembre 2007.


Extrait des pages 76 et 77 de l’édition princeps de l’essai du Napoléon Caron

« Nous faisons, écrit Caron, nos adieux à la famille Larue, et nous trouvons au rivage trois canots d’écorce qui nous attendent. Nous voilà de nouveau sur la Rivière-Croche, mais aujourd'hui nous descendons le courant, ça va deux fois moins mal. M. J. B. Boucher gouverne l'un des canots, tandis qu'un petit garçon conduit son cheval par le sentier dont nous avons déjà parlé. Nous descendons la rivière Croche en assez peu de temps, et puis, sans arrêter, nous nous élançons sur les flots du Saint- Maurice. Nous entendons bientôt les mugissements de la chute, mais nous sommes à une assez bonne distance pour qu'il n'y ait pas de danger. Cela nous rappelle, cependant, que dans le temps des crues un cheval a sauté les trois cascades, et s'est rendu en bas avec sa pleine connaissance et sans une égratignure. Lord Byron, pour se rendre célèbre, essaya de traverser le Bosphore à la nage ; notre cheval a fait une action incomparablement plus éclatante, il est donc raisonnable de léguer son nom à la postérité. Eh bien ! il s'appelait d'abord Charly, mais après son mirobolant exploit, on l'appela simplement « La Tuque ». Sur ses vieux jours il perdit ses dents, sans perdre sa force extraordinaire; comme il ne pouvait plus manger, son propriétaire résolut de le fusiller, pour lui rendre service. Mais avant d'en venir là, on fit une gageure singulière: on gagea que ce cheval rendu monterait douze quarts de farine dans une côte appelée la côte à Blondin. « La Tuque » monta bravement cette charge monstre, puis il périt au champ d'honneur. Pendant que nous pensons à ces choses, de joyeuses détonations retentissent, et nous abordons à deux heures et quarante minutes ; plusieurs personnes sont sur le rivage pour nous recevoir. Madame Lacroix nous a préparé un bon goûter auquel nous faisons honneur. Madame Lacroix est une métisse, née et élevée à Montachingue [Wemotaci] ; elle a nom Marguerite Walker. Par son teint et ses traits on voit tout de suite qu'elle a du sang sauvage, mais elle est de haute stature, et elle a toutes les bonnes manières de nos compatriotes. […] »
* * *
Période post-rhinoférocienne. Pierre Cliche a signé ce portrait installé à l’avant-plan d’un rhino broutant, à l’époque symbole du congrès étatsunien, choisi par Pat Oliphant, génial caricaturiste d’origine australienne qui n’a cessé de cogner très dru depuis plus d’un demi-siècle: il faut s’esbaudir devant son lilliputien Bush fils. Dommage pour le génial pourfendeur de crétins élus : le commandant en chef des troupes chargées d’assurer la survie des carnassières pétrolières amerloques devra bientôt quittera son blanc logis.
* * * *
Or, donc, j’avais donc, en dépit de mes résolutions de ne plus concocter de pages d’humeurs, pondu un texte qui n’ajoutait pas grand-chose à la mission « petite histoire » de mon carnet, lequel se veut toujours sanmaurien, mais qui a adopté, plus souvent qu’autrement au cours des derniers épisodes, une dimension plutôt « Mauricie méridionale ». J'avais accouché d'un pamphlet varlopant, pur et dur, du genre que je pratiquai allègrement pendant mes années universitaires à Trois-Rivières et à Ottawa, une espèce de document vindicatif que j’eus toutefois la sagesse de soumettre à mes conseillères et conseillers spirituels, qui me « déconseillèrent » justement d’annuler sa propulsion dans l'espace entoilé.
De cette charge aux cornes outrancieusement pamphlétaires, je l’admets, mais pas le moindrement calomnieuse, sûrement médisante, soit (certaines médisances, utilisées à bon escient, par exemple, dans le contexte d’une quête de la justice, s’avèreront justifiées et très efficaces), je ne livrerai ici qu’un seul paragraphe, inspiré également par quelques autres lectures accidentelles.
Trêve de tergiversations, voici ce paragraphe, à peine retouché, rescapé de ma charge qui se voulait héroïque. Allons-y, que je me cite à mon tour dans ce répertoire d’emprunts !

« À lire les propos outranciers du curé ans le carnet de Micheline Raîche-Roy, je n’ai pu m’empêcher d’esquisser un sourire à l’idée du pantagruélique personnage, enfoncé dans la pénombre de son confessionnal, recueillant la déposition d’un pauvre fidèle égaré s’accusant d’avoir abusé de la bonne chère et de la dive bouteille, bref, d’avoir ignoré l’enseignement chrétien de sa jeunesse et de s’être bêtement livré à l’exercice jouissif de l’un des péchés capitaux : la gourmandise. Rougissait-il, ce boulimique ecclésiastique, cet apôtre de la tempérance qui, dans l’intimité de son cercle d’amis et de « relations », à l’abri des regards publics, savait apprécier un p’tit boire de temps en temps, rougissait-il, écrivais-je, cet homme dit « de Dieu », en entendant la pathétique admission pécheresse de l’une de ses brebis ? Ou alors manifestait-il de la compassion à l’endroit de ce pauvre pécheur, victime, comme lui, de sa faim effrénée et de sa soif insatiable ? Sans doute pas; il était au-dessus de tout cela. Instruit ? Sans doute ? Éduqué ? Pas tellement, me semble-t-il, ce pasteur chauvin, émetteur de propos racistes, même devant ses ouailles venues l’écouter parler de son périple en Europe et au Moyen-Orient, en ce 10 mai 1925. C’était l’époque, dira-t-on. Jusqu’à la fin des années 1930, ajoutera-t-on, le clergé québécois avait applaudi aux exploits des dictateurs fascistes Franco et Salazar, l’universitaire, et bien d’autres, car ces braves phares de la chrétienté militante s’attaquaient aux ennemis de la seule vraie Église, aux impies bolchéviques athées. Certains de ses prélats, fers de lance du nationalisme canadien-français tiendront même des propos antisémites. Ah ! mais notre nation était encore bien jeune ! Et l’on pardonne aisément à la jeunesse ses écarts de conduite et de langage… »


Bref, Eugène Corbeil, membre émérite de la confrérie cléricale des « Ne faites pas ce que je fais, mais bien ce que je vous dis de faire », est tout de même un personnage qui m’intéresse puisqu’il a laissé sa marque dans ma petite ville d’adoption. Sans doute suis-je un peu, beaucoup, injuste à son égard, car je sais peu de choses de sa carrière, ou alors quelques bribes. Ainsi, en plus des propos cités dans le carnet de Micheline Raîche Roy, le dépouillement systématique d’une collection rarissime d’un précieux organe, The Brown Bulletin, publié mensuellement par la Brown Corporation, à compter de 1918, collection qui m’a été gracieusement prêtée par Hervé Tremblay, m’a permis de découvrir que l’imposant papiste avait frayé très tôt avec l’orangiste, c’est-à-dire plusieurs des membres de l’establishment anglo-américain qui, immigrants de passage, étaient venus de Berlin, au New Hampshire, jusqu'à La Tuque, Québec, pour y faire tourner le « moulin » des Brown. Le curé a occupé, souvent le seul francophone du groupe, des postes au sein d’organisations sociales et sportives dirigées par des protestants.


Dès février 1923, donc, apparaît le nom du boss des âmes latuquoises – en fait son patronyme est bigrement massacré par le rédacteur étatsunien, demeuré unilingue malgré la marée francophone de la petite ville de la Moyenne-Mauricie : « Residence of Father Cobiel », peut-on lire sous une petite photo illustrant son modeste presbytère. Puis, en juillet 1926, consécration suprême : une page entière lui est consacrée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’enfilage définitif de sa soutane. Il sera d’ailleurs le seul francophone ainsi célébré dans l’histoire du bulletin berlinois.

Le home de Corbeil. On distingue la salle paroissiale construite, paraît-il, pour éviter que les paroissiens se précipitent au Community Club, récemment inauguré par la protestants de la papetière, le clocher de la première église et une partie de la statue du Sacré-Cœur. The Brown Bulletin, volume IV, no 8, février 1923, page 17. Archives d’Hervé Tremblay.

Le petit périodique, il est vrai, livre des bribes de la vie industrielle, sociale et sportive de La Tuque et dans les chantiers de la Haute-Mauricie, au dépôt Windigo, par exemple, qu’administre Jos Pagé, l'un des deux compagnons de voyage de Corbeil outre-mer, en 1925. Les photos de Windigo m'ont permis de trouver des traces de futurs Sanmauriens. Il y a d’autres passages aussi sur La Loutre (barrage Gouin), dans lesquels il est question de Jerry McCarthy, sur qui je reviendrai. Dans l’ensemble, toutefois, c’est la minorité anglophone latuquoise qui défraie les manchettes ! Les bulletins s’adressent donc d’abord et avant tout au personnel anglophone des installations étatsuniennes et canadiennes de la Brown et, en ce sens ,constituent une espèce de carnet social. Quand les francophones y participent, cet ela est rare, ils utilisent généralement la langue forestière.

Hainéoué, je confierai ces allusions corbeilliennes, glanées ici et là dans ce bulletin, à dame Raîche-Roy, qui saura, bien mieux que je ne saurais le faire, les mettre en valeur dans son propre carnet sur le régisseur paroissial.

Et qu’en est-il de ce Midlige annoncé ?

Anne Midlige et son fils John, à Parent. Photo extraite de The Beaver, livraison de juin-juillet 1996, et reproduite avec l’aimable autorisation de Peter Leney.

Bon, voilà ! Je comptais rencontrer, à la mi-octobre, Louise-Anne Blais, la petite-fille de John Midlige, question d’enrichir mon dossier avant de livrer une biographie d’Annie, l’aïeule, dont j’avais découvert l’existence par mes lectures « amérindiennes ». Madame Blais, qui n’est pas une inconnue à La Tuque – elle a déjà fait paraître des textes dans l’hebdomadaire local – m’avait gentiment invité à la rencontrer chez elle, à Parent, pour y consulter ses archives familiales. Ô rage ! Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie ! Les circonstances, entre autres, un surcroît imprévu de travaux éditoriaux, l’achalandage des routes forestières en cette époque dite de « grosse chasse » en auront décidé autrement. Je suis resté dans ma campagne à travailler à mes commandes muséales.


Par contre, le dossier Midlige progresse. J’ai pu en effet retracer Peter Leney, le journaliste qui, le premier, s’est donné la peine de faire des recherches poussées sur Annie Midlige, cette fameuse femme d’affaires et de la faire connaître. Ô délicieuse surprise ! Peter avait toujours en sa possession le journal de John, le fils aîné d’Annie qui s’était établi à Oskélanéo tandis que sa sœur ouvrait un magasin à Sanmaur, à l’embouchure de la Manouane. Quand j’ai téléphoné à Peter, le reporter globe-trotter fermait ses valises et s’apprêtait à partir pour l’Écosse. À son retour, me promit-il, il m’enverrait une copie dudit journal. Mais, me prévenait-il, « … vous ne trouverez pas de propos véritablement utiles à votre démarche dans ce document ». Dès son retour d’Europe, donc, il s’est donné la peine de « monter » à Montréal pour faire photocopier l’historique tapuscrit et m’en expédier illico une copie. Il n’avait pas tort : le récit midligien n’apportait pas grand-chose de bien nouveau à ma quête, ni d’autres détails que n’avait déjà livré le journaliste d’enquête dans son article du Beaver (juin-juillet 1996).

Parlant de cet article, la Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice a eu la bonne idée d’en diffuser une partie en traduction française dans son dernier bulletin. La traduction date de plusieurs années et semble avoir été faite plutôt rapidement, me semble-t-il, même si la ou le traducteur, à l’époque, avait même rémunéré pour son travail. Leney n’en est donc pas l’auteur. D’ailleurs, en en apprenant la « parution », il s’est dit étonné qu’on ne lui ait point demandé l’autorisation de le faire. L’entreprise de la SHLTHSM demeure toutefois très louable : les gens de La Tuque y découvriront qui étaient ces Midlige, patronyme peu commun, dont les tombes se terrent sagement dans la partie australe du cimetière de l’endroit. Peter m’a permis d’en faire la traduction et de l’insérer dans mon carnet. Ce que je ferai sans doute.
* * * *

Timbre commémoratif de Daniel Gascon, émis à l’occasion de la naissance d’Olivier Cantin-Potvin, à Ottawa, le 7 décembre 1984, à 9 h 27. On aura saisi que la bibitte ailée, gonflée à l’hélium, a subtilisé le marmot à une cigogne quelque peu étourdie.
* * *

Ouverture à l’étranger, à la différence, une attitude que ne semblent pas avoir beaucoup développée nos notables « instruits » de la première moitié du siècle dernier. Du moins quand ont revisite les propos d’autorités comme Comtois et Corbeil, dont les paroles et les gestes ne me semblent guère avoir reflété une bien grande acception de l’autre. Où est l’humanisme qu’ils auraient dû acquérir pendant leurs études classiques ?

À l’automne 1961, mon professeur d’histoire du Canada, en classe de Rhétorique, au STR, Louis Martel, curé de son état, nous imposait l’achat de Mon pays (Trois-Rivières, Éditions La Flèche), l’essai qu’il avait lancé en 1956, avec son confrère Herman Plante. J’en ai relu un passage éloquent sur la perception de notre clergé des Amérindiens des siècles passés.

« Sensuels, les Indiens pratiquaient la polygamie; cruels, la vengeance dominaient leur vie; orgueilleux, ils méprisaient l’homme blanc. »
*

J’ai retrouvé ce passage dans La première Amérique (Ottawa, Éditions du Vermillon, 1989; illustration de Christian Assiniwi, "Protégez le futur"), «essai-poème» de mon ami et complice Jacques Michaud, dit Fidéo de la Corne, efficace directeur d’élection lors de ma participation au Grand Safari électoral de 1979.


Du sucre dans les réserves

il y a eu de grandes périodes de gel
on ne sait trop où s’étaient cachés les Sauvages
ils étaient paraît-il dispersés sur tous les étages du nord
saupoudrés comme du sucre dans des réserves

ils avaient cessé de parler
ils avaient cessé de construire
et c’est toujours par les autres qu’on entendaient parler d’eux
ces missionnaires qui voulaient encore les sauver
et ces fonctionnaires qui voulaient pour toujours
les nourrir
les éduquer
et les loger

mais eux
ils gardaient toujours le silence
ils assistaient sans rien dire à ce nouveau massacre
qui leur passait dans le yeux
ils avaient fini par ressembler à des êtres qui ne sont pas d’ici
accoutrés mal sales dans les guenilles des autres
incapables d’entretenir leur maison
pas capables surtout de faire du ménage dans leur cour

en tout cas
et si par hasard on en voyait
il ne fallait pas leur parler
il ne fallait rien leur dire
ils avaient encore la peau rouge
et les yeux en biseau
leur corps faisait tâche d’huile
ils ne sentaient pas bon
il ne fallait surtout pas sourire
ils habitaient une autre terre
et ne mangeaient que du poisson


Professeur novice à Rouyn, sa ville natale, Jacques a eu, parmi ses élèves au collège, un défenseur des Amérindiens, le magnifique barde abbittibbien Richard Desjardins.

Ces deux artistes illustrent éloquemment la constatation du philosophe français Luc Ferry :
« Les poètes ne chantent plus les clairs de lune ni les couchers de soleil. »
(Apprendre à vivre, essai paru à Paris, chez Plon, en 2006)
* * *
Ce qu’on a pu être bernés, mystifiés par nos élites ! Lors de ma brève carrière de journaliste à La Tuque, toutes les décisions importantes se prenaient une heure avant la séance publique du conseil municipal, dans une petite pièce à l’arrière de la grande salle de réunion. Les journalistes pouvaient y être présents, mais rien ne devait sortir de ce capharnaüm où s’étaient réunis les décideurs… J’étais trop jeune, pas « équipé » pour être en mesure de saisir les véritables enjeux de ces choses supposément publiques et de poser des questions pertinentes. En y repensant aujourd’hui, je crois bien que la situation qui n’avait pas l’heur de déplaire tellement à mon patron d’alors…
On pourra d’ailleurs juger, de visu, de l’allure tout à fait « jeune naïf » de l’apprenti journaliste par cette photo prise dans une chambre de l’hôtel Royal, à l’occasion du lancement de la saison 1964 de la Ligue industrielle de balle-molle.

À l’époque héroïque du stylo à bille et du carnet de notes. De gauche à droite : Denis Bélisle, distributeur local des bières Molson, Roger Rochette, de La Sentinelle [du moins nous en sommes-nous rappelé, Hervé Tremblay et moi : on nous corrigera si nous avons péché par orgueil], hebdo de Shawinigan, Gaston Hamel, correspondant du Soleil de Québec, John Lacasse, président de la ligue, Liguori Frenette et Jean-Claude Houle, des membres du conseil d’administration de la ligue, Pierre Cantin, reporter à pied du tandem CFLM – L’Écho de La Tuque, Réjean Lacombe, correspondant du Nouvelliste de Trois-Rivières. 1er juin 1964.
Photo : Gilles Berthiaume.

La photo me permet de me rapprocher de Sanmaur : John Lacasse, le président de la LBMLT [j’invente l’acronyme…] qui figure sur ce nostalgique document, et sa famille habitait le logis au-dessous du nôtre, dans le petit village de mon enfance.
Je me permets d’utiliser le tableau de monsieur Berthiaume, qui, en passant illustre une drôle de situation : La Tuque comptait à l’époque presque autant de journalistes que …d’élus municipaux! L’emprunt n’a rien d’effronté : l’auteur de la fresque en avait gentiment fait cadeau à l’apprenti journaliste au nombril encore humide que j’étais alors, question de lui souhaiter la bienvenue dans le club de presse latuquois.


Fanas de la balle mollement estivale. Mon père état un maniaque de la balle : au grand désespoir de ma mère, il prenait une partie de ses vacances annuelles en fonction de la tenue de la Série mondiale. L’arrivée de la télé à La Tuque, en 1956, fut pour lui un événement presque miraculeux. Pas étonnant de l’apercevoir sur cette photo, posant en complet-veston, avec ces joyeux animateurs de la boule roulante latuquoise. Remarquez-lui le sourire : en fait, il ne pose pas, il réfléchit la béatitude sportive. Le Nouvelliste. 1960.
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A M E N

NOTES

Une édition « moderne » du récit de Caron, annotée, cité plus haut, a paru en 2000 (Sillery, Septentrion).
POST-SCRIPTUM

J'ai oublié d'insérer cette magnifique recension littéraire, glanée dans la livraison du 9 janvier 1936 du BIEN PUBLIC, hebdo trifluvien que dirigeaient alors Raymond Douville et le poète Clément Marchand. Qu'on lise ce court passage de cette belle apologie, peut-être made in Three Rivers, du fasciste Benoît Leduc, l'assassin à "l'exceptionnelle destiné [sic]", digne représentant de la "génération du feu", laquelle enfantera de nombreux petits : les criminels Rumsfeld, Cheney, le sinistre penseur Wolfovitch et leur remarquable pantin texan, Bush dit Le Petit.

Avertissement Avant de lire le tout dernier paragraphe de cette reproduction de l'écran de mon vénérable Dell, qui en est à ses dernières heures, assurez-vous d'avoir une provision suffisante de papiers-mouchoirs. On sera vraiment touché...

Ah, oui, j'oubliais encore... Le premier ministre britannique Arthur Neville Chamberlain avait rencontré, en septembre 1938, tonton Adolf, un pote à Benoît l'Italien, et l'avait trouvé bien sympathique... Un homme au doux regard ! Un humaniste tout à fait incapable de gazer un maringouin, d'après le lunatique Londonien !
Petit entrefilet trouvé grâce à ce nouveau service offert par Google : on trouvera sur la toile des tonnes d'archives de journaux dont The Shawinigan Standard, The St. Maurice Chronicle. Dans le carnet social de ces hebdos, moult informations sur les gens de La Tuque, surtout les anglophones.

Puis, cette petite découverte, un entrefilet sur Éliane Bergeron, la tante de madame Raîche-Roy, que nous avons appris à connaître par le carnet sur Eugène Corbeil, dont elle fut la secrétaire. Maxime Comtois figure dans ce même Gotha latuquois.

Extrait de l'hebdo St. Maurice Valley Chronicle, 29 avril 1926, p. 9.

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En guise d’ITE MISSA EST !
Ce que j'ai pu aimer cette formule de ''renvoi'' !


« Juger les hommes, démasquer, châtier l’ennemi réel de l’homme,
cet ennemi qui est multitude et qui vole, qui détourne, qui parle de principes,
qui manœuvre, vous ne trouverez qu’une faible partie de cela dans l’histoire. »
– Pierre Vadeboncoeur, ibidem.


Et non, ce n'est pas le p'tit Jésus de plâtre !
C'est Olivier Cantin-Potvin,
survivant à son premier hiver...

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